a4* INTRODUCTION.
était encore de même du sentiment intérieur, faculté
obscure, quoique puissante, qui n’a rien de commun
avec celle d’éprouver des sensations, ni avec celle
de penser, ou de combiner des idées, et qui tient
probablement aux actes d’un ensemble de parties
dans le système nerveux, c’est-à-dire, aux émotions
qui peuvent être produites dans cet ensemble.
Qu'importe qu’il nous soit difficile, quelquefois
même impossible, de distinguer, dans un système
d’organes général, tous les systèmes d’organes particuliers
dont la nature est parvenue à le composer ; s’il
n’en est pas moins certain que ces systèmes d’organes
particuliers existent, puisque les facultés particulières
qu’ils donnent sont reconnaissables, distinctes, et se
montrent indépendantes ?
J’ai déjà parlé ( au commencement de cette Introduction,
p. 17 et 18 ) du sentiment intérieur dont sont
doués tous les animaux qui jouissent de la faculté de
sentir; de ce sentiment intime qui, par les émotions
qu’il peut éprouver subitement dans chaque besoin
ressenti, fait agir immédiatement l’individu, sans
l’intervention de la pensée, du jugement et de la
volonté de celui même qui possède ces facultés ; et
j’ai dit que je manquais d’expression propre à désigner
ce sentiment (i).
( i) Par des causes, dont plusieurs sont déjb. connues,
les fluides de nos principaux, systèmes d’organes, surtout
A la vérité, on le désigne quelquefois sous la dénomination
de conscience. Cette dénomination, néanmoins,
ne le caractérise point suffisamment : elle
11’indique point que ce sentiment obscur, mais general
, ne resuite pas directement d’une impression
sur aucun de nos sens ; qu’il n’a rien de commun,
soit avec le sentiment proprement dit, soit avec
1 intelligence ; et qu il .offre une véritable puissance
qui fait agir l’individu sans la nécessité d’une préméditation.
Enfin, cette dénomination semble permettre
la supposition du concours de la pensée et
du jugement dans les actions que ce sentiment ému
fait subitement produire ; ce qui n’est pas vrai. L ’obceux
du système sanguin, sont sujets à se porter, avec plus
ou moins d abondance, tantôt vers ^extrémité antérieure du
corps, tantôt vers l’inférieure , et tantôt vers tous les points
de sa surface externe. Ainsi , quoique réhfermés dans des
canaux particuliers ou dans des masses appropriées dont
ils ne peuvent franchir les limites latérales , les fluides de
plusieurs de nos systèmes d’organes jouissent, par les communications
qui existent entr’eux, d’une relation générale
qui les met dans le cas de recevoir des impulsions ou des
excitations pareillement générales, d’où résultent, dans le
système sanguin, les affluences particulières et connues dont
je viens de parler, et dans le système nerveux, les ébranle-
mens généraux , en un mot, les émotions du sentiment in térieur
qui sont si remarquables par leur puissance sur nos
organes.