
servation des faits atteste même que, parmi les animaux
qui possèdent ce sentiment intérieur et qui
jouissent de certains degrés d’intelligence, la plupart,
néanmoins, ne le maîtrisent jamais.
On le désigne aussi très-souvent et très-improprement
comme un sentiment qu’on rapporte au
coeur , et alors on distingue, parmi nos actions,
toutes celles qui viennent de Y esprit, de telles qui
sont les produits du coeur ; en sorte que, sous ce
point de vue, l’esprit et le coeur seraient les sources
de toutes les actions humaines.
Mais, tout cela est erroné. Le coeur n’est qu’un
muscle employé à l’accélération du mouvement de
nos fluides ; il n’est propre qu’à concourir à la circulation
de notre sang; et au lieu d’être la cause ou la
source de notre sentiment intérieur, il est lui-même
assujéti à en subir les effets.
Ce qui fut cause de cette distinction de l’esprit et
du coeur , c’est que nous sentons très-bien que nos
pensées, nos méditations sont des phénomènes qui
s’exécutent danslatête;et quenous sentons encore, au
contraire, que les penchans et les passions qui nous
entraînent, que les émotions que nous éprouvons
dans certaines circonstances et qui vont quelquefois
jusqu’à nous faire perdre l’usage des sens, sont des
impressions que nous ressentons dans tout notre
être, et non un phénomène qui s’exécute uniquement
dans la tête, comme la pensée. Or, comme les
constrictions nerveuses ou les troubles qui se produisent
dans le système nerveux, à la suite des
émotions que ,1’on éprouve, retardent ou accélèrent
alors les battemens du coeur, on a attribué trop
précipitamment au coeur même, ce qui n’est réellement
que le produit du sentiment intérieur ému.
Il n’y a guère que l’homme et quelques animaux
des plus parfaits, qui, dans les instans de calme inteneur,
se trouvant affectes par quelqu’intérêt qui se
change aussitôt en besoin, parviennent alors à maîtriser
assez leur sentiment intérieur ému, pour laisser à
leur pensée le tems de juger et de choisir l’action
à exécuter. Aussi, ce sont les seuls êtres qui puissent
agir volontairement; et néanmoins, ils n’en sont
pas toujours les maîtres.
Ainsi, des actes de volonté ne peuvent être opérés
que par 1 homme, et par ceux des animaux qui ont
la faculté d’exécuter des opérations entre leurs idées,
de comparer des objets, déjuger, de choisir, de
vouloir ou ne pas vouloir, et, par-là, de varier
leurs actions. Or, j’ai déjà montré que ce ne pouvait
être que parmi les vertébrés que se trouvent les animaux
qui jouissent de pareilles facultés; parce que
leur cerveau , forme sur un plan commun, est plus
ou moins complètement muni des organes particuliers
qui les donnent. De là vient, que c’est principalement
dans les mammifères et ensuite dans les