
pour ceux qui ne connaissent rien à l’organisation t
ainsi qu’aux phénomènes qu’elle peut produire.
Sans doute, le mouvement est indépendant de la
sensibilité : en sorte qu’il existe des êtres ( mais seulement
dans le règne animal ) qui jouissent de la
faculté de se mouvoir, et qui, néanmoins, sont
privés de celle de sentir. C’est, en effet, le cas des
radiaires, des vrais polypes, et des infusoires. Mais,
il est facile de démontrer qu’il n’existe aucun être
jouissant de la sensibilité qui ne puisse se mouvoir;
en sorte que la sensibilité est réellement une conséquence
du mouvement, quoique le mouvement n’en
soit pas une de la sensibilité : voici comme je le
prouverai.
Assurément, il n’y a que des nerfs qui soient les
vrais organes du sentiment, et tout animal qui n’a
point de nerfs ne saurait sentir; cela est certain.
Mais un fait, que connaît sans doute le savant
auteur cité, c’est que tout animal qui a des nerfs a
aussi des muscles. Ce serait en vain que l’on voudrait
trouver des muscles dans un animal qui n’a point de
nerfs, ou des nerfs dans celui qui n’a point de
muscles : aucune observation constatée ne contredit
ce fait.
Or, s’il est vrai que tout animal qui a des nerfs
ait aussi des muscles, il est donc vrai pareillement
que tout animal qui jouit du sentiment, jouit aussi
de la faculté de se mouvoir, puisqu’il a des muscles.
Dans l’état de nos connaissances, on ne peut donc
pas mettre en question, s’il existe des êtres sensibles
qui ne se meuvent pas.
Ces pensées, émises avant d’avoir été approfondies
, prouvent seulement qu’on n’a fait aucun effort
pour s’assurer si les facultés et les organes qui les
donnent avaient ou non des limites.
En observant attentivement ce qui a lieu dans les
animaux, je ne crois pas me tromper lorsque je reconnais
que différens êtres, parmi eux, possèdent
des facultés qui ne sont pas communes à tous ceux
du même règne. Ces facultés ont donc des limites;
quoique souvent insensibles, et sans doute, les organes
qui les donnent en ont pareillement, puisque
l’observation atteste que par-tout, dans l’animal,
chaque faculté est parfaitement en rapport avec l’état
de l’organe qui y donne lieu.
C’est en apercevant le fondement de ces considérations,
que j’ai reconnu que les facultés ^intelligence
dans différens degrés, étaient un ordre de
phénomènes organiques, tous en rapport avec l’état
de l’organe qui les produit, et que ces facultés avaient
une limite ainsi que l’organe; quïl en était de même
de la faculté de sentir, dont les actes ne consistent
que dans 1 execution de sensations particulières, qui
s’opèrent par l’intermède d’un ensemble de parties
dans le système nerveux, sans affecter celles du
même système, qui servent à l’intelligence; qu’il en
iTome I. j g