sant un passage insensible des plantes les plus imparfaites
aux animaux qui sont dans le même cas. Tous
les naturalistes Font senti ; et c’est, effectivement, en
ce point, c’est-à-dire, dans celui qui offre de part et
d’autre la plus grande simplicité de l’organisation,
que les végétaux paraissent le plus se rapprocher
des animaux. S’il y a nuance en ce point, on ne
pourra s’empêcher de convenir qu’au lieu de former
une chaîne, les végétaux et les animaux présentent
deux branches distinctes, et réunies par leur
base, comme les deux branches de la lettre V. Mais,
je vais faire voir qu’il n’y a point de nuance dans le
point cité; que chacune des branches dont je viens
de parler se trouve réellement séparée de l’autre à sa
base; et qu’un caractère positif, qui tient à la nature
chimique des corps sur lesquels la nature a opéré,
fournit une distinction éminente entre les êtres qu’embrasse
l’une de ces branches , et ceux, qui appartiennent
à l’autre.
Je vais, en effet, montrer que les végétaux n’ont
point dans leurs solides de parties véritablement irritables
, susceptibles de se contracter subitement
dans tous les temps et pendant la durée entière de
leur vie, et qu’ils ne sauraient conséquemment exécuter
des mouvemens subits, répétés de suite autant
de fois qu’une cause excitante les pourrait provoquer.
Je prouverai ensuite que tous les animaux générâlement
ont‘dans leurs solides des parties constamment
irritables , subitement contractiles ; et qu’ils
sont susceptibles d’exécuter des mouvemens instantanés
ou subits, qu’ils peuvent répéter de suite , dans
tous les temps, autant de fois que la cause excitatrice
de ces mouvemens agira sur eux.
Voyons donc d’abord ce que sont les végétaux, et
quels sont leurs caractères essentiels. Après l’exposition
de ces caractères, nous présenterons les faits
et les preuves qui en établissent le fondement.
Caractères essentiels des végétaux.
LesT>egétaM.rsontdes corps vivans, non irritables,
dont les caractères essentiels sont :
i.° D’être incapables de contracter subitement et
itérativement , dans tous les temps, aucune de leurs
parties solides, ni d’exécuter par ces parties des mouvemens
subits ou instantanés, répétés de suite autant
de fois qu’une cause stimulante les provoquerait ( i) ;
9.° De ne pouvoir agir, ni se déplacer eux-mêmes,
c’est-à-dire, quitter le lieu dans lequel chacun d’eux
est fixé ou situé;
(i) Ceux en qui l’on observe des mouvemens, ne les exécutent
que par des causes mécaniques , pyrométriques , ou
hygrométriques. Dans les uns , ces mouvemens sont d’une