d’entrer dans aucun detail pour prouver ce fait suffisamment
connu.
Cependant , quelque vieux que soit un arbre ,
tous ceux de ses bourgeons qui se développent au
printemps, présentent des individus qui portent constamment,
d’abord, l’empreinte de la plus tendre jeunesse
, q u i, six semaines après, prennent les traits
plus vigoureux d’un développement complet, et qui,
après un état stationnaire de peu de durée, offrent
progressivement les caractères d’une vieillesse qui les
conduit à la mort avant que l’année de leur naissance
soit écoulée.
Qui n’a pas été frappé du cbarme que nous offre
au printemps le feuillage naissant des arbres, quel
que soit leur âge, du vert tendre et délicat de ce
feuillage, exprimant alors la jeunesse réelle des individus
! Y a-t-il le moindre trait dans ces parties nouvelles
qui annonce qu’elles appartiennent à un être
très-vieux et sur le point de cesser de vivre? Non ;
tous les bourgeons qui s’y développent encore sont
des individus particuliers qui ne participent nullement
à la décrépitude du vieil arbre en question. Tant
qu’il en pourra faire vivre, chacun de ces individus
aura sa jeunesse , parviendra à sa maturité, et arrivera
ensuite à sa vieillesse particulière, qui se terminera
par sa destruction. L ’arbre qui les soutient est donc un
'végétal composé, sur lequel vivent, se développent
et se renouvellent une multitude d’individus de la
même espèce qui participent à une vie commune , et
se succèdent les uns aux autres annuellement, tant
que le corps commun, produit de toutes les végétations
particulières, conservera l’état propre à les
faire vivre.
O r , de même que la nature a fait des végétaux
composés , elle a fait aussi des animaux composés ,
et pour cela elle n’a.pas changé, de part et d’autre,
soit la nature végétale , soit la nature animale. En
voyant des animaux composés, il serait tout aussi
absurde de dire que ce sont des animaux-plantes ,
qu’il le serait, en voyant des plantes composées,
de dire que ce sont des plantes-animales.
Qu’on ait donné, il y a un siècle, le nom de zoo-
phjtes aux animaux composés de la classe des po-
I jp e s , ce tort était excusable : l’état peu avancé des
connaissances qu’on avait alors sur la nature animale,
rendait cette expression moins mauvaise. A présent,
ce n’est plus la même chose ; et il ne saurait être indifférent
d’assigner à une classe d’animaux un nom
qui exprime une fausse idée des objets quelle embrasse.
Maintenant, comme il existe deux sortes très-distinctes
de corps vivans, savoir : des végétaux et des
animaux , examinons les caractères essentiels de ces