mais rendu compte , nous ne les avons pas effectivement
confondus ; car, pressentant cet ordre inaltérable
de causes sans cesse actives \ et le distinguant
des etres passifs qui y sont assujétis, nous l’avons
personnifie, a l’aide de notre imagination, sous la
dénomination de la nature ; et depuis nous noiïs servons
habituellement de cette expression, sans fixer
les idées précises que nous devons y attacher.
Nous verrons dans l’instant que les objets,'non
physiques y dont l’ensemble constitue la nature x ne
sont point des etres, et conséquemment, ne sont ni
des corps, ni des matières; que cependant nous pouvons
les connaître; que ce sont, même, lés seuls
objets, étrangers aux corps et aux matières, dont nous
puissions nous procurer une connaissance positive.
En effet, cette connaissance nous étant parvenue
par 1 observation des corps, comme on le verra tout-
a-1’heure,; s'est trouvée à notre portée, et en notre
pouvoir. Ainsi, hors delà nature, hors des corps et
des matières qui peuvent se rendre sensibles à nos
sens, nous ne pouvons rien observer,-rien.connaître'
d’une manière positive.
Reprenons notre examen de ce qu’est réellement
là nature, et sa comparaison avec les objets qui forment
son immense domaine.
Si la définition que j’ai donnée de la natuté est
fondée, il en résulte que cette dernière n’est qu’un
ensemble d’objets non physiques, c’est-à-dire, étrangers
aux parties de l’univers, et que nous n’avons
connus qu’en observant les corps ; et que cet ensemble
forme un ordre de causes toujours actives, et de
moyens qui régularisent et permettent les actions de
ces causes ; ainsi la nature se compose :
i.° Du mouvement y que nous ne connaissons que
comme la modification d’un corps qui change de
lieu ; qui n’est essentiel à aucune matière, à aucun
corps ; et qui est cependant inépuisable dans sa source ^
et se trouve répandu dans toutes les parties des corps;
2.0 De lois de tous les ordres qui, constantes et
immutables, régissent tous les mouvemens, tous les
changemens que subissent les corps ; et qui mettent
dans l’univers, toujours changeant dans ses parties,
et cependant toujours le même dans son ensemble,
un ordre et une harmonie inaltérables.
La puissance assujétie qui résulte dé l’ordre dtf
causes actives que je viens d’indiquer, a sans cesse à
sa disposition :
i.° U espace y dont nous ne nous sommes formé
l’idée qu’en considérant le lieu des corps, soit réel,
soit possible; que nous savons être immobile, partout
pénétrable et indéfini ; qui n’a de parties finies
que celles des lieux que remplissent les corps, enfin,
que celles qui résultent de nos mesures d’après les
corps et d’après les lieux que ces corps peuvent successivement
occuper en se déplaçant ;
2.0 Le temps ou la duréex qui n’est qu’une con