
une perfection graduelle de chaque organe parti--
culier , malgré les causes étrangères qui en ont fait
varier çà et là les résultats ! Qui ne sent encore que
si l’on prend cette nouvelle marche, le plan d’opérations
qu’a suivi la nature, en donnant suc-,
cessivement l’existence aux animaux divers, se montrera
si clairement, qu’il sera difficile alors de le
méconnaître !
La considération suivante répand une grande lumière
sur les principaux faits d’organisation observés
dans les animaux , et fait sentir encore combien
est fondée la progression dans la composition
de l’organisation des différens animaux, dont je viens
d’établir les preuves.
Dans chaque point du corps des animaux les plus
imparfaits, tels que les infusoires et les polypes, la
vie, par la grande simplicité de l’organisation, y
est indépendante de celle des autres points du même
corps. De là vient que, quelque portion que l’on
sépare de l’un de ces corps vivans si simples, le corps
peut continuer de vivre, et répare bientôt alors ce
qu’il a perdu. De là vient encore que la portion séparée
de ce corps peut elle-même, de son côté,
continuer de vivre : en sorte qu’elle reproduit bien-r
tôt un corps entier, semblable à celui dont elle
provient.
Mais , à mesure que l’organisation se complique,
que les organes spéciaux deviennent plus nombreux,
et que les animaux sont moins imparfaits , la vie ,
dans chaque point de leur corps, devient dépendante
de celle des autres, points. E t , quoiqu’à la
mort de l’individu, chaque système d’organes particulier
meurt, l’un après l’autre , ceux qui survivent
à d’autres ne conservent la vie que peu d’heures
de plus, et périssent immanquablement à leur
tour, leur dépendance des autres les y contraignant
toujours. Il est même remarquable que, dans
les mammifères et dans l’homme, une portion de
muscle, enlevée par une blessure, ne saurait repousser
j la plaie se cicatrise en guérissant ; mais la
portion charnue du muscle, enlevée ou détruite, ne
se rétablit plus.
Certes, cet ordre de choses n’aurait point lieu
si la progression en question était sans réalité !
La progression dont il s’agit, soit prise du plus
composé vers le plus simple, soit considérée en se
dirigeant dans le sens contraire, est tellement sentie
des zoologistes, quoique leur pensée ne s’y arrête
jamais, qu’elle les entraîne, en quelque sorte,
dans le placement des classes : l’on peut dire même
qu’à cet egard, elle ne leur permet point cet arbitraire
que nous employons ordinairement avec
tant d’empressement partout où la nature ne nous
contraint point d’une manière trop décisive.
Il e s t, en effet, assez curieux de remarquer à
ce sujet combien , malgré la diversité des lumières