
franchir sans rupture les limites de la ténacité très-
faible de ces corps.
Enfin, la multiplication ou la reproduction de
ces mêmes corps , est le produit d’un excès d’accroissement
qui l’emporte sur le terme de leur
ténacité , et qui en opère la scission. Hais, à
mesure que cette ténacité s’accroît un peu, plus, les
scissions deviennent alors moins grandes, se particularisent
ou se bornent a certains points du corps,
et en amènent la gemmation.
Les petits corps dont il s’agit, possèdent donc,
dès l’instant même que la vie les anime, les facultés
qui sont communes à tous les corps vivans, et ils
en sont doués par les voies les plus simples. O r ,
comme aucun d’eux n’a d’organes particuliers , aucun
de même ne jouit de facultés particulières.
Qu’on ne dise pas que l’idée des générations spontanées
n’est qu’une opinion arbitraire, sans fondement
, imaginée par les anciens, et depuis, formellement
contredite par des observations décisives. Les
anciens, sans doute , donnèrent une extension trop
grande aux générations spontanées , dont ils n’eurent
que le soupçon ; ils en firent de fausses applications
, et il fut facile d’en montrer l’erreur. Mais,
on n’a nullement prouvé qu’il ne s’en opérait aucune
, et que la nature n’en produisait point à l’égard
des organisations les plus simples.
J’ajouterai que, s’il était vrai que la nature n’eût
pas les moyens de produire elle-même directement
les corps vivans les plus imparfaits, soit du règne végétal,
soit du règne animal; il le serait aussi, que,
ni les végétaux, ni les animaux, ne seraient ses productions
; il le serait encore que lès minéraux et les
autres corps inorganiques ne lui devraient rien ; enfin
, il le Serait que son pouvoir et ses- lois seraient
nuis, et qu’elle-rhême n’aurait aucune existence; ce
que l’observation dément généralement.
Maintenant, qu il n est plus possible de douter,
qu’au moins à l’extrémité antérieure du règne végétal
et du règne animal, la nature ne produise des
generations spontanées en établissant la vie dans les
corps organisés les plus frêles et les plus simples de
chacun de cés règnes ? si l’on suppose que, dans
certains de ces petits corps vivans , d’après la composition
chimique de leur substance, la nature n’a
pu établir Y irritabilité des parties; c’est-à-dire, rendre
ces parties subitement contractiles sur elles-mêmes à
chaque provocation des causes Stimulantes, on aura,
dans ces corps , les types d’où sont provenus les
différens végétaux • tandis que ceux de ces corpuscules
vivans en q u i, à raison de la composition chimique
de leur substance, la nature a pu instituer Y irritabilité
, devront être considérés comme les types qui
Ont donné lieu aux différens animaux existans. (\\ 1
(1 ) L irritabilité étant une faculté géne'rale pour tous
les animaux, n’exigé en eux aucun organe particulier pour