
oiseaux, que ces mêmes facultés, quoique rarement
exercées, acquièrent quelqu’éminence.
Quant aux animaux sans vertèbres, j’ai fait voir
que tous devaient être privés d’intelligence ; mais,
j’ai montré que les uns jouissaient de la faculté de
sentir et possédaient ce sentiment intérieur qui a le
pouvoir de faire agir, tandis que les autres étaient
tout-à-fait dépourvus de ces facultés.
Or , les faits connus qui concernent les premiers
(ceux qui jouissent du sentiment), constatent qu’ils
n’ont que des habitudes; qu’ils n’agissent que par des
émotions de leur sentiment intérieur, sans jamais le
maîtriser; que, ne pouvant exécuter aucun acte d’intelligence,
ils ne sauraient choisir, vouloir ou ne pas
vouloir, et varier eux-mêmes leurs actions ; que leurs
mouvemens sont tous entraînés et dépendans; enfin,
qu’ils n’obtiennent de leurs sensations, que la perception
des objets dont les traces dans leur organe
sont plus ou moins conservables.
Si les habitudes, dans les animaux qui ne peuvent
varier eux-mêmes leurs actions, ont le pouvoir de .les
entraîner à agir constamment de la même manière
dans les mêmes circonstances, on peut assurer, d’après
l’observation, qu’elles ont encore un grand pouvoir
sur les animaux intelligens ; car, quoique ceux-ci puissent
varier leurs actions, on remarque qu’ils ne les
varient, néanmoins, que lorsqu’ils s’y trouvent eh
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quelque sorte contraints; et que leurs habitudes, le
plus souvent, les entraînent encore.
A quoi donc tient ce grand pouvoir des habitudes,
pouvoir qui se fait si fortement ressentir à l’égard des
animaux intelligens, et qui exerce sur l’homme même
un si grand empire ! Je crois pouvoir jeter quelque
jour sur cette question importante , en exposant les
considérations suivantes.
Pouvoir des habitudes : Toute action, soit de
l’homme, soit des animaux, résulte essentiellement
de mouvemens intérieurs, c’est-à-dire, de mouvemens
et de déplacemens de fluides subtils internes qui l’excitent
et la produisent. Par Jluides subtils , j’entends
parler des différentes modifications du fluide nerveux
; car ce fluide seul a dans ses mouvemens et
ses déplacemens la célérité nécessaire aux effets
produits. Maintenant je dis que, non-seulement les
actions constituées par les mouvemens des parties externes
du corps sont produites par des mouvemens
et des déplacemens de fluides subtils internes, mais
même que les actions intérieures, telles que l’attention,
les comparaisons, les jugemens, en un mot,
les pensées, et telles encore que celles qui résultent
des émotions du sentiment intérieur , sont aussi dans
le même cas. Certainement, toutes les opérations de
l’intelligence, ainsi que les mouvemens visibles des
parties du corps, sont des actions ; car leur exécution
très-prolongée entraîne effectivement des fatigues et