
Pour l’homme qui observe et réfléchit, le spectacle
de l’univers, animé par la nature, est sans
doute très-imposant, propre à émouvoir, à frapper
1 imagination, et à élever l’esprit à de grandes pensées.
Tout ce qu’il aperçoit lui paraît pénétré de
mouvement, soit effectif, soit contenu par des forces
en équilibre. De tous côtés, il remarque, entre les
corps, des actions réciproques et diverses , des réactions,
des déplacemens, des agitations, des mutations
de toutes les sortes, des altérations, des destructions,
des formations nouvelles d’objets qui subissent à leur
tour le sort d’autres semblables qui ont cessé d’exister
, enfin , des reproductions constantes, mais as-
sujéties aux influences des circonstances qui en font
varier les résultats; en un mot, il voit les générations
passer rapidement, se succéder sans cesse, et en
quelque sorte, comme on l’a dit : « se précipiter
» dans Vabîme des tems. »
L ’observateur dont je parle, bientôt ne doute
plus que le domaine de la nature ne s’étende généralement
à tous les corps. Il conçoit que çe domaine
ne doit pas se borner aux objets qui composent le
globe que nous habitons, c’est-à-dire, que la nature
n’est point restreinte à former, varier, multiplier,
détruire et renouveler sans cesse les animaux, les
végétaux, et les corps inorganiques de notre planète.
Ce serait, sans doute, une erreur de le croire>
en s’en rapportant à cet égard à l’apparence ; car le
mouvement réparidu partout, et ses forces agissantes,
ne sont probablement nulle part dans un équilibre
parfait et constant. Le domaine dont il s’agit, embrasse
donc toutes les parties de l’univers, quelles
quelles soient; et conséquemment, les corps célestes,
connus ou inconnus, subissent nécessairement les
effets de la puissance de la nature. Aussi, l’on est
autorisé à penser que , quelque considérable que
soit la lenteur des changemens quelle exécute dans
les grands corps de l’univers, tous néanmoins y sont
assujétis; en sorte qu’aucun corps physique n’a nulje
part une stabilité absolue.
Ainsi, la nature , toujours agissante, toujours impassible,
renouvelant et variant toute espèce de
corps, n’en préservant aucun de la destruction, nous
offre une scène imposante et sans terme, et nous
montre en elle une puissance particulière , qui n’agit
que par nécessité.
Tel est l’ensemble de choses qui constitue la
nature, et dont nous sommes assurés de l’existence
par l’observation; ensemble qui n’a pu se faire exister
lui-même, et qui ne peut rien sur aucune de
ses parties; ensemble qui se compose de causes ou
de forces toujours actives, toujours régularisées par
des lois, et de moyens essentiels à la possibilité de
leurs actions; ensemble, enfin, qui donne lieu à
une puissance assujétie dans tous ses actes, et néanmoins
admirable dans tous ses produits. J(v1