Ce pas est franchi ; l’ordre de la formation successive
des diffe'rens animaux ne saurait être maintenant
conteste j il faudra bien qu’on le reconnaisse.
Mais cet ordre n’est point simple et n’a pu
1 etre ; des causes accidentelles l’ont nécessairement
modifie ça et la. En effet, la considération des rameaux
latéraux qu’on est forcé d’y reconnaître, et
même celle de sa division au moins en deux séries
particulières, attestent qu’il a été fortement assujéti
à l’influence de causes modifiantes qui l’ont amené
a l’état où nous l’observons.
Je puis effectivement faire voir que Y ordre de la
production des animaux fut d’abord unique, formant
une série munie de quelques rameaux, et qu’ensuite,
dès qu’un certain nombre d’animaux eurent reçu
l'existence, des circonstances particulières donnèrent
lieu a la formation d’une autre série, aussi subrameuse
et bien caractérisée. 1/ ordre de la production dont
il s agit se trouva donc divisé en deux séries séparées,
ayant chacune quelques rameaux simples. Peut-être
en existe-t-il encore quelques autres j mais je pense
que les deux séries que je vais signaler peuvent suffire
à r explication de ce qui nous est maintenant
connu à l’égard des animaux.
Pour faire concevoir à quoi peut tenir ce singulier
ordre de choses, je dirai que je regarde comme une
vérité de fait que, lorsque la nature opère dans des circonstances
diverses ou sur des matériaux de nature dissemblable,
ses produits sont nécessairement différens.
Déjà, j’ai fait remarquer qu’en formant des corps
vivans, elle a eu occasion d’opérer sur des matériaux
de deux natures différentes -, ce qui l’a forcée , avec
les uns, de n’instituer que des végétaux , tandis que,
avec les autres , elle a pu former des animaux.
(Voyez l’Introduction , p, ia6 et 179. )
Or, en donnant l’existence au règne animal, on
Voit qu’elle a nécessairement commencé par la série
des infusoires qui amène de suite tous les polyp
e s que là, cette série , après avoir fourni le rameau
latéral des radiaires , se continué en amenant
les ascidiens, ensuite -les acéphales , que l’on peut
considérer comme une coupe classique, enfin, les
mollusques bornés à ceux qui ont une tête, si toute
fois les céphalopodes ne méritent pas encore d’être
séparés classiquement.
On voit aussi, qu’assez long-temps après l’institution
des infusoires et des polypes, elle a commencé
l’établissement d’une série nouvelle (celle des vers),
à laide de matériaux particuliers qui se sont trouvés
dans l’intérieur d’animaux déjà existans, et qu’avec.
ces matériaux elle a formé des générations spontanées
qui sont la source des vers intestins , parmi
lesquels certains peut-être, passés au-dehors ,
ont pu amener les vers extérieurs.
En effet y là grande disparité d’organisation qu’offrent
entr’eux les ànimaux qui appartiennent à la
classe des vers-, atteste, comme je l’ai dit ( ex