
tre , à la conservation des préventions qui sont dans
notre intérêt, à l’indifférence envers tout ce qui nous
est étranger, à la dureté, l’insensibilité à l’égard des
peines , des souffrances et des malheurs des autres
, etc., etc.
Par les mêmes voies citées , l’amour de soi-même
donne lieu , quelquefois, à une force d’action qui
semble sans mesure ; telle que Y audace, la témérité
même de celui qui, animé par un grand intérêt, sans
examen des périls , s’y précipite aveuglément, ut
souvent sans nécéssité.
Par le sentiment intérieur et la pensée dirigée
par la raison, l’amour de soi-même , alors parfaitement
réglé, donne lieu à ses plus importans produits j
savoir :
1. ° A la force qui constitue l’homme laborieux ,
que la longueur et les difficultés d’un travail utile ne
rebutent point ;
2. ° Au courage de celui qui , ayant la connaissance
du danger , s’y expose néanmoins lorsqu’il sent que
cela est nécessaire j
3. ° A Y amour delà sagesse.
O r , ce dernier, qui seul constitue la vraie philosophie
, distingue éminemment l’homme qui /dirigé
par ce que l’observation , l’expérience, et une méditation
habituelle lui ont fait connaître , n’emploie,
dans ses actions, que ce que la justice et la raison
lui conseillent. Ce qui le porte :
I.° A l’amour de la vérité en toute chose, et à
l’acquisition de nouvelles connaissances positives et
de tout genre, afin de rectifier de plus en plus ses
iugemens ;
2.0 A fuir partout et en tout les extrêmes ;
3.° A la modération dans ses désirs , et à une sage
retenue dans ses besoins non essentiels -,
4-° A la mesure dans toutes ses actions, et à l’éloignement
pour toute affectation quelconque j
5. ° A la conservation des convenances partout ;
6. ° A l’indulgence, la tolérance , l’humanité et
la bonté envers les autres ;
7 . ° A l’amour du bien public et de tout ce qui est
utile à ses semblables j
8. ° Au mépris de la mollesse, et à une espèce de
dureté envers lui-même, qui le soustrait à cette multitude
de besoins factices qui asservissent ceux qui s’y
livrent ;
9. ° A la résignation , et, s’il est possible , à l’impassibilité
morale dans les souffrances, les revers ,
les injustices, les oppressions, les pertes, etc.,-
10. ° Au respect pour l’ordre, les institutions publiques,
les autorités, les lois, la morale , en un
mot, la religion.
La pratique de ces dix maximes caractérise la
vraie philosophie, soustrait Y homme aux produits
désordonnés de ses penchans, aux passions qui
peuvent l’agiter , et lui donne la dignité à laquelle