
Dans ce cas, que peuvent être ces différentes facultés
, sinon des faits naturels ; des phénomènes
uniquement organiques, et purement physiques ;
phénomènes, dont les causes, quoique le plus souvent
difficiles à saisir, ne sont réellement pas hors de la
portée de nos observations et de nos études ?
Que l’on parvienne ou non à connaître le mécanisme
par lequel un organe ou un système d’organes
produit la faculté qui en dépend ; qu’importe à la
question, si l’on peut se convaincre», par l’observation
, que cet organe ou ce système d’organes soit
le seul qui ait le pouvoir de donner cette faculté ?
Si l’on ne connaît pas positivement le mécanisme
organique de la formation des idées et des opérations
qui s’exécutent entr’elles , ni même celui du
sentiment ; connaît-on mieux le mécanisme du mouvement
musculaire , celui des sécrétions , celui de la
digestion, etc.? S’ensuit-il que ces différçns phénomènes
observés parmi les animaux., ne soient point
dus chacun à autant d^organes ou de systèmes d’organes
particuliers dont le mécanisme propre soit capable
de les produire? Y a -t-il, 4ans la nature, des
phénomènes observés ou observables qui ne soient
point dus à des corps ou a des relations entre des
corps ?
Si l’homme pouvait cesser d’être influencé par les
produits de son intérêt personnel, par son penchant
à la domination en tout genre, par sa vanité , par
son goût pour les idées qui le flattent et qui lui
donnent toujours de la répugnance à en examiner
le fondement ; son jugement en toutes choses gagnerait
infiniment en rectitude , et alors la nature
lui serait mieux connue ! Mais, ses penchans naturels
ne le lui permettent pas; il trouve plus satisfaisant
de se faire une part à son gré, sans considérer
ce qui en peut résulter pour lui. Ainsi, conservant
son ignorance et ses préventions, la nature,
qu’il ne veut pas étudier, qu’il craint même d’interroger,
lui paraît un être de raison; et il ne profite
, pour son instruction , de presqu’aucun des faits
qu’elle lui présente de toutes parts.
Cependant, s’il est forcé de reconnaître que la
nature agit sans cessé, et toujours selon des lois
qu’elle ne peut jamais transgresser ; peut-il penser
qu’il puisse y avoir quelque chose d’abstrait, quelque
chose de-métaphysique dans aucun de ses actes, dans
une seule de ses opérations quelconques , et qu’elle
ait quelque pouvoir sur des êtres non matériels?
Assurément, une pareille idée ne saurait être admissible
; rien à cet égard n’est de son ressort. La
puissance de la nature ne s’étend que sur des corps
quelle meut, déplace , change, modifie, varie, détruit
et renouvelle sans cesse ; enfin , elle n’agit que
sur la matière dont elle ne saurait, ni créer, ni anéantir
une seule particule. On ne saurait trouver un seul
motif raisonnable pour penser le contraire.