
moins, un fait certain qu’aucun zoologiste n’en a
encore présente qui soit véritablement applicable à
tous les animaux connus, et qui les distingue net-?
tement des végétaux. De là , les vacillations perpétuelles
entre les limites du règne animal et du règne
végétal dans l’opinion des naturalistes; de là même,
l’idée erronée et presque générale que ces limites
n’existent pas, et qu’il y a des animaux-plantes ou
des plantes-animales. La cause de cet état de choses,
à l’égard de nos connaissances zoologiques, est facile
à apercevoir.
Comme les études sur la nature animale et sur.
les facultés des animaux ne furent, jusqu’à présent,
dirigées que d’après les organisations les plus compliquées,
c’est-à-dire, d’après celles des animaux
les plus parfaits, on ne put se procurer aucune idée
juste des limites réelles de la plupart des facultés
animales, de celles meme des organes qui les donnent;
enfin, l’on ne put parvenir à connaître ce qui
constitue la vie animale la plus réduite, ni quelle
est la seule faculté qu'elle puisse donner à l’être qui
en jouit.
Ainsi, pour montrer combien tout ce que Ton a
écrit sur les facultés que possèdent les animaux, et
sur les caractères qui leur sont communs à tous, est
peu propre à nous les fairç réellement connaître ,
ne peut que nous abuser, et entrave les vrais progrès
de la zoologie, je ne saurais choisir un texte plus
authentique que celui qu’offre le mot animal dans
le Dictionnaire des Sciences naturelles , l’auteur
connu de cet article étant un anatomiste et un zoologiste
des plus célèbres de notre tems, et en effet,
des plus distingués,
« Rien, dit ce savant, ne semble si aisé à définir
que l’animal : tout le monde le conçoit comme un
Iêtre doué de sentiment et de mouvement volontaire ; mais lorsqu’il s’agit de déterminer si un être que l’on
observe est ou non un animal, cette définition devient
très-difficile à appliquer ». ( Dict. des Sciences
naturelles. )
Il est clair, d’après cela, que je suis fondé à insister
sur l’examen de ce qui constitue la nature animale,
puisque le savant que je cite ne désapprouve pas
lui-même la définition que tout le monde donne des I animaux, qu’il la trouve seulement difficile à appliquer
, et quelle est encore reçue dans tous les ouvrages
et dans tous les cours de zoologie,, les miens
seuls exceptés.
Sans doute, en conservant une pareille définition,
qui fut imaginée dans des tems d’ignorance, et d’après
la seule considération des animaux les plus parfaits,
il est maintenant très-difficile de l’appliquer à quantité
d’êtres que nous observons chaque jour; mais
on peut ajouter que cette définition n'est pas même
applicable au plus grand nombre des animaux reconnus.