du règne animal , des animaux tres-imparfaits, a
peine perceptibles, presque sans consistance dans
leurs parties , et dont les facultés sont extrêmement
bornées ; au lieu d’y voir les animaux les plus avancés
dans la composition et le perfectionnement de
l’organisation, ceux qui ont le plus de facultés, le
plus de moyens pour varier leurs actions, en un
mot, le plus d’intelligence ; et comme ces derniers
sont ceux qu’on a le plus observés et le mieux étudiés
, on pourra même regarder comme plus raisonnable
de procéder, à l’égard dès animaux, du plus
connu vers ce qui l’est le moins, que de suivre un©
route opposée.
Cependant, comme dans toute chose il faut considérer
la fin qu’on se propose, et les moyens qui
peuvent conduire au but, je crois qu’il est facile de
démontrer que l’ordre généralement établi par l’usage
dans la distribution des animaux, est précisément
celui qui nous éloigne le plus du but qu’il nous
importe d’atteindre ; que c’est celui qui est le moins
favorable à notre instruction; en un mot, celui qui
oppose le plus d’obstacles à ce que nous saisissions le
plan, l’ordre et les moyens qu’emploie la nature
dans ses opérations a 1 egard des animaux.
Dans l’examen et l’étude même que l’on fait de
ces corps vivans, s’il n’était question que de les distinguer
les uns des autres par les caractères de leur
forme extérieure ; et si l’on ne devait considérer leurs
diverses facultés que comme de simples objets d’amusement,
c’est-à-dire, des objets propres à piquer
notre curiosité dans nos loisirs, mais qui ne sauraient
exciter en nous le désir d’en rechercher et d’en approfondir
les causes; je conviens que l’ordre de distribution
dont je viens de parler ,. serait celui qui
devrait le moins nous plaire , quoiqu’il soit le plus
naturel. Dans ce cas, il serait aussi fort inutile de
s’occuper de rechercher les rapports parmi les animaux
, et d’étudier leur organisation intérieure.
Or, tous les naturalistes conviennent maintenant
de l’importance des rapports, et de la nécessité d’y
avoir égard dans nos associations et dans nos distributions
des productions de la nature. D’où vient donc
cette importance dés rapports , et pourquoi reconnaissons
nous la nécessité d’y avoir égard dans nos
distributions, si ce n’est parce qu’ils nous conduisent
réellement à la connaissance de ce qu’a fait la nature ;
parce que, n’étant pas notre ouvrage, nous ne pouvons
les changer à notre gré ; parce que ce sont eux
qui nous forcent de rapprocher les uns des autres
certains des objets qu’ils concernent et d’en écarter
d’autres plus ou moins; enfin, parce qu’ils nous font
sentir indirectement que, dans ses productions, la
nature a un ordre particulier et déterminable qu’il
nous importe de reconnaître et de suivre dans nos
études.
Lorsque des rapports reconnus , parmi les ani