
En effet, en approfondissant ce grand sujet, d’après
tout ce que j’aperçois, je crois , d’abord , pouvoir
assurer, à l’e'gard de l’ensemble des matières et des
corps qui forment Y univers physique, que cet ensemble
est lui-même immutable ou indestructif, et
qu’il subsistera tel qu’il est, tant que la volonté de
son s u b l i m e a u t e u r le permettra; ensuite, j’oserai
dire que ce même ensemble n’est point et ne peut être
une puissance ; qu’il ne peut avoir d’activité propre;
et que, conséquemment, il n’en saurait avoir sur ses
parties, la source de toute activité lui étant étrangère
; enfin , je crois être fondé à dire encore que
toutes les parties de Y univers physique n’ont pas plus
d activité que l’ensemble qu’elles composent, que
toutes sont réellement passives, et que ce sont elles
qui constituent l’unique et vaste «domaine de la
nature.
O r , la nature ne se trouve nullement dans cette
cathegorie ; ce n’est, en effet, ni un corps, ni un
etre quelconque, ni un ensemble d’êtreS, ni un
composé d’objets passifs; c’est, au contraire, comme
nous l’allons voir , un ordre de choses particulier,
constituant une véritable puissance, laquelle est,
néanmoins, assujétie dans tous ses actes.
Effectivement, c’est la nature qui fait exister,
non la matière, mais tous les corps dont la matière
est essentiellement la base ; et comme elle n’a de pouvoir
que sur cette dernière, et que son pouvoir à cet
égard ne s’étend qu’à la modifier diversement, qu’à
changer et varier sans cesse ses masses particulières,
ses associations, ses aggrégats, ses combinaisons
différentes, on peut être assuré que, relativement aux
corps, c’est elle seule qui les fait ce qu’ils sont, et
que c’est elle encore qui donne, aux uns, les propriétés,
et aux autres, les facultés que nous leur
observons.
Qu’est-ce donc, encore une fois, que la nature ?
serait-ce une intelligence ?
Non, assurément, la nature n’est point une intelligence
: je vais essayer de' le prouver. Mais, auparavant
, voici la définition que j’en donnerai : :
La nature est un ordre de choses, étranger a la
matière, déterminable par l’observation des corps,
et dont l’ensemble constitue une puissance inaltérable
dans son essence, assujétie dans tous ses actes,
et constamment agissante sur toutes les parties de
l’univers.
Si l’on oppose cette définition à celle de l’ univers
qui n’est que Xensemble des êtres physiques et passifs,
c’est-à-dire, que Xensemble de tous les corps
et die toutes les matières qui existent, on reconnaîtra
que ces deux ordres de choses sont extrêmement
différens, tout-à-fait séparés, et ne doivent pas être
confondus.
En ayant eu, presque de tout temps, le sentiment
intime, quoique nous ne nous en soyons ja