
former des genres ; en un mot, de les classer d’une
manière quelconque, et d’établir ainsi méthodiquement
l’énorme liste de leurs espèces observées, on
n’aurait presque rien a ajouter à là marche usitée de
l’étude ; enfin, il suffirait de perfectionner ce qui a
été fait, et d’achever de recueillir et de déterminer
tout ce qui a , jusqu’à présent, échappé à nos observations.
Mais il v a dans les animaux bien d’autres choses
à voir que celles que nous y avons cherchées ; e t, a
leur é°ard, il y a bien des préventions à détruire,
bien des erreurs à corriger.
Voilà ce dont, à mon grand étonnement, l’étude
m’a fortement convaincu; ce que je puis établir solidement;
ce qui est déjà énoncé dans mes écrits; et,
néanmoins, ce qui sera peut-être Iong-tems sans
fruit, tant les causes qui entretiennent ces préventions
sont puissantes, et tant la raison même a peu
de forces lorsqu’elle a à combattre des idées habituelles
, en un mot , ce que l’on a toujours pense.
Depuis bien des années que je suis chargé de faire,
au M u s é u m , un Cours annuel de zoologie, particulièrement
sur les animaux sans vertèbres, c’est-à-
dire, ceux qui ne font point partie des mammifères,
des oiseaux, des reptiles et des poissons; j’ai dû
m’efforcer de les connaître, non-seulement sous les
rapports de leur forme générale , de leurs caractères
externes et distinctifs; mais, en outre, sous ceux
O•J
de leur organisation do leurs facultés, et des habitudes
de ces animaux ; enfin, j’ai dû me mettre en
état de donner à ceux qui viennent m’entendre, les
idées les plus justes de ces mêmes animaux sous tous
ces rapports, au moins relativement aux connaissances
que j’avais pu me procurer à leur égard.
En me livrant a ces devoirs, je trouvai bientôt
que ma tâche était extrêmement difficile à remplir ;
car j’avais à m’occuper de la portion du règne animal
la plus étendue, la plus nombreuse en races
diverses, la plus variée en organisation, la plus diversifiée
dans les facultés réelles des races; et c’était
précisément celle qui n’avait inspiré jusqu’alors qu’un
faible intérêt, celle, enfin, que l’on avait le plus
négligée, et sur laquelle les principaux faits recueillis
et considérés, n’étaient guère relatifs qu’aux formes
externes des objets qu’elle embrasse;
Cependant, le besoin de connaître l’organisation
de l’homme, afin de tâcher de remédier aux désordres
que les causes des maladies y introduisent, avait
depuis long-tems fait étudier en son être physique,
la plus compliquée de toutes les organisations. On
s’était ensuite assuré, par l’observation , que cette
organisation compliquée avoisinait considérablement,
par ses rapports, celle de certains animaux f
tels que les mammifères. Mais, au lieu de sentir
que tout ce que l’on pouvait raisonnablement conclure
des observations dont cette organisation avait