
qui, dans un degré quelconque, constitue ce qu’on
nomme Y intelligence , c’est-à-dire , qui donne à
l’individu le pouvoir d’employer des idées, de comparer
, de juger, de vouloir ; que cette faculté, dis-je,
est très-distincte de celle qui constitue le sentiment,
quelle lui est bien supérieure, et quelle en est tout-
à-fait indépendante.
On peut, en effet, penser, juger, vouloir, sans
éprouver aucune sensation j et l’on sait que si l’organe
très-composé qui donne lieu aux actes d’intel-
ligence, vient a etre lésé, a subir quelqu’altératiôn,
les idées alors ne se présentent plus qu’avec désordre,
se dérangent,'soit partiellement, soit totalèment, selon
la partie altérée de l’organe ou l’étendue de
l’altération, et même se perdent entièrement si faltération
est considérable ; tandis que la faculté de
sentir reste dans son intégrité et n’en éprouve aucun
changement.
Qui ne sait que la folie , la démence , sont les résultats
d’une altération invétérée dans l’organe où
s’exécute le phénomène de la production des idées,
et des operations entre des idées ) comme le délire
est la suite d’une altération du même organe , mais
qui est plus passagère , étant produite par Une fièvre
ou une affection moins durable. O r , dans tous ces
cas, et particulièrement dans' la folie où lé fait est
plus facile à constater , il est connu que l'organe du
sentiment n’est nullement intéressé , qu’il conserve
l’intégrité de ses fonctions, enfin , que les sensations
s’exécutent comme dans l’état de santé.
Le système d’organes qui donne, lieu aux opérations
entre les idées, aux jugemens, au± actes de
volonté, n’est donc pas le même qute celui qui produit
les sensations ; puisque le premier peut éprouver
des lésions qui altèrent ses facultés, sans exércer
aucune influence sur celles du second.
La faculté Y employer des idées étant très-distincte
, très-indépendante même de celle de sentir,
et les animaux les plus parfaits j ouissant évidemment
de l’une et de l'autre , nous allons montrer que ni
l’une ni l’autre de ces facultés ne peuvent être le
propre de tous les animaux en général.
Relativement au mouvement volontaire attribué
à tous les animaux, dans la définition que l’on donne
de ces êtres, que l’on prenne en considération les
observations qui concernent les actes dé volonté,
bientôt alors on sera convaincu qu’il n’est pas vrai,
qu’il est même impossible, que tous les animaux
puissent former des actes de cette nature ,• qu’ils ne
sauraient tous avoir l'organisation assez compliquée,
et l’appareil d’organes particulier, capable de donner
lieu à une faculté aussi éminente ; et qu’il n'ÿ a réellement
que les plus parfaits d’entr’eux qui puissent,
posséder une pareille faculté.
Il est certain et reconnu que la volonté est une