renouvelle sans cesse les différens corps ; elles nous
montrent, en outre, que ce pouvoir est limité,
tout-a-fait dépendant, et qu’il ne saurait faire autre
chose que ce qu’il fait; car, il est partout assujéti
a des lois de différons ordres qui règlent toutes ses
opérations ; lois qu il ne peut ni changer ni transgresser
, et qui ne lui permettent jamais de varier
ses moyens dans la même circonstance.
Non-seulement ce grand pouvoir existe; mais il a
lui-meme celui d en instituer d’autres, pareillement
dépendans, moins généraux et parmi lesquels on en
connaît un qui est encore admirable dans ses produits.
En effet, dans l’organisation , animée par la vie,,
nous remarquons une véritable puissance qui change,
qui répare, qui détruit, et qui produit des objets
qui n’eussent jamais existé sans elle.
Cette puissance particulière, qu’on nomme la vie,
et dont tous les corps vivans sont l’unique domaine,
agit toujours nécessairement, selon des lois régulatrices
de tous ses actes. Nous l’avons, effectivement,
déjà suivie dans un grand nombre des actes quelle
opéré, nous avons même saisi plusieurs de ses lois,
et nous nous sommes assurés qu’elle agit toujours
de la même manière, dans les mêmes circonstances.
Mais, la puissance dont il est question, n’exerce son
pouvoir que sur une seule sorte de corps; et comme
elle est le produit de la puissance générale qui l’a étabbe,
elle se détruit elle-même dans chaque corps de
son domaine ; tandis que 1 autre subsiste toujours la
même, parce qu’elle tient son existence d une source
bien différente et infiniment superieure !
Ainsi, le pouvoir général qui embrasse dans son
domaine tous les objets que nous pouvons apercevoir,
de même que ceux qui sont hors de la portée
de nos observations, et qui a donne immédiatement
l’existence aux végétaux , aux animaux, ainsi qu aux
autres corps, est véritablement un pouvoir limite et
en quelque sorte aveugle ; un pouvoir qui n am intention,
ni but, ni volonté; un pouvoir qui, quelque'
grand qu’il soit, ne saurait faire autre chose que ce
qu’il fait; en un mot, un pouvoir qui n existe lui-
même que par la volonté d’une puissance superieure
et sans bornes, qui, l’ayant institue, est réellement
Y auteur de tout ce qui en provient, enfin , de tout
ce qui existe.
Le pouvoir aveugle et limite dont il s agit, et
que nous avons tant de peine à reconnaître, quoiqu’il
se manifeste partout, n’est point un être de
raison : il existe certainement; et nous n’en saurions
douter, puisque nous observons ses actes, que nous
le suivons dans ses opérations, que nous voyons qu il
ne fait rien que graduellement, que nous remarquons
qu’il est partout soumis à des lois, et que déjà
nous sommes parvenus à connaître plusieurs de celles
qui le régissent.