le propre de la sensation n’est pas de produire dix
mouvement. Ainsi, la question de savoir pourquoi
il y a du sentiment dans le polype, tandis qu’il n’y
en aurait pas dans la sensitive, ne devait pas se
faire, s’il n’est pas vrai que le polype lui-même puisse
éprouver des sensations. O r, je vais maintenant
prouver que, dans les faits cités du polype et de la
sensitive, il n’y a nulle parité de phénomène; car
les tentacules du polype ne se sont mus, lorsqu’on
lès a touchés, qu’en subissant une véritable contraction,
tandis que l’attouchement n’en a pu opérer
aucune sur les parties de la sensitive. Le polype se
sera donc mu, dans le fait en question, par la voie
de Y irritabilité de ses parties, et la sensitive par une
voie très-différente.
En effet, il n est pas vrai qu’aucune partie de la
sensitive se contracte lorsqu’on la touche; car, ni les
folioles, ni les pétioles, soit communs, soit particuliers,
ni les petits rameaux de cette plante , ne
subissent alors aucune contraction sur eux-mêmes ;
mais ces parties se reploient dans leurs articulations
sans qu’aucune de leurs dimensions soit altérée ; et
par cette plication, qui s’exécute comme une détente,
la plupart de ces parties sont subitement et
simplement abaissées, en sorte qu’aucune d’elles n’a
subi la moindre contraction, le plus léger changement
dans ses dimensions propres. C e ,n’est assurément
point là le caractère de Y irritabilité, et ce
n’est, effectivement, que dans les animaux, que des
parties peuvent se contracter subitement sur elles-
mêmes , changer alors leurs dimensions, et conserver
pendant la vie de l’animal ou pendant la durée de
leur intégrité, la faculté de se contracter de nouveau
à chaque provocation d’une cause excitante ; jamais
ailleurs personne n’a pu observer de semblables contractions
dans quelque corps que ce soit.
Dès qu’on a Opéré cette plication articulaire des
parties d’une sensitive, pàr un attouchement ou par-
une secousse suffisante, la répétition de l’attouchement
ou de la secousse n’y saurait plus alors produire
aucun mouvement. Pour renouveler le même
phénomène, il faut attendre pendant un temps assez
long, qui est toujours de plusieurs heures, qu’une
nouvelle tension dans les articulations des parties les
ait relevées ou étendues ; ce qui ne s’exécute que
très-lentement lorsque la température est basse.
Je le répète : ce n’est point là du tout le propre
de Y irritabilité animàle ; cette faculté reste la même
dans leS parties qui en sont douées tant que l’animal
est vivant ; et leur contraction peut se répéter de suite
autant de fois que la cause excitante viendra la pro-
voquèr. D’àîllèurs, la contraction d’une partie animale
n’offre point simplement des mouvemens articulaires
, comme dans la sensitive, mais un resserrement
subit, un raccourcissement réel des parties,
en un mot, un changement dans leurs dimensions ;