
Ici, l’on est autorisé à admettre l’existence de la faculté
de sentir, puisque l’on trouve un centre de
rapport pour les nerfs des sensations, et que déjà
l’on aperçoit effectivement un ou plusieurs sens particuliers
et très^distinets.
Cependant, les animaux dont je viens de parler,
ont encore des muscles ; ils jouissent donc à-la-fois
du mouvement musculaire et de la faculté de sentir.
Mais nous avons vu que le mouvement musculaire
et le sentiment étaient deux facultés indépendantes
; parmi les nerfs des animaux en question,
il y en a donc qui ne servent qu’aux sensations , et
d’autres qui ne sont employés qu’à l’excitation musculaire.
Sans doute, les uns et les autres ne nous paraissent
que des nerfs ; ce sont, néanmoins deux
sortes d’organes particuliers ; puisque, outre qu’ils
donnent lieu à deux facultés très-distinctes, ils agissent
de deux manières différentes ; les nerfs des sensations
agissant du dehors vers un.centre intérieur,
tandis que ceux qui servent au mouvement agissent
d’un ou plusieurs centres intérieurs, vers les muscles
qui doivent se mouvoir. Ainsi, lorsqu’on observe,
dans un animal., plusieurs facultés differentes , on
peut être assuré qu’il possède plusieurs sortes d’organes
particuliers pour les produire.
Enfin, dans les animaux de l’ordre le plus relevé,
-c’est-à-dire, dans ceux dont le plan d’organisation est
le plus composé et avance le plus vers son perfec^
INTRODUCTION. 227
tionnement, le système nerveux offre non-seulement
des nerfs, une moelle épinière et un cerveau ; mais
ce cerveau lui-même est plus composé que dans les
animaux de l’ordre précédent ; car il est graduellement
plus volumineux, et sa masse semble formée
d’appendices sur-ajoutés, réunis et toujours doubles.
En outre , dans les animaux dont il s’agit, l’on voit
toujours des muscles , un centre de rapport pour le«
sensations , un cerveau très-augmenté, ét l’on remarque
que ces animaux peuvent exécuter des opérations
entre leurs idées. Ils possèdent donc trois facultés
particulières et indépendantes ; savoir : le mouvement
musculaire, le sentiment, et Y intelligence
dans un degré quelconque.
Il est donc évident, d’après la citation de ces trois
faits, que ceux des animaux en qui l’on observe différentes
facultéspossèdent, en effet, autant d’organes
particuliers pour la production de chacune de
ces facultés ,* puisque ces dernières sont des phénomènes
organiques, et que l’on n’a pas un seul exemple
qui prouve qu’un organe puisse, lui seul, produire
différentes sortes de facultés.
Pour achever de faire voir que chaque faculté distincte
provient d’un système d’organes particulier qui
la donne, je vais montrer, par la citation d’un exemple
, que ce que nous prenons souvent pour un seul
système d organes, se trouve, dans certains animaux,
composé lui-même de plusieurs systèmes particuliers