
sition du règne animal, que de placer de pareils objets
en tête de ce règne.
Mais plusieurs considérations importantes se réunissent
pour que nous donnions la plus grande attention au fait
de l’existence de ces étonnans animaux, ainsi qu’a celui
de l’état singulier de leur organisation et de leur manière
d’exister.
Ces êtres, dont l’animalité paraît à peine croyable,
et que l’on peut en quelque sorte regarder comme des
ébauches de la nature animale, sont d’une petitesse extraordinaire.
Leur corps n’a presque point de consistance,
et paraît pour ainsi dire sans parties. Ce sont cependant
des animaux nombreux en individus et en races diverses,
qui peuplent toutes les eaux, et qui se 'retrouvent les
mêmes dans tous les pays du monde, mais seulement »,
dans les circonstances qui leur permettent d’exister ; ce
sont des animaux qui la plupart disparaissent dans les
abaissemens de température, qui reparaissent et se multiplient
rapidement dans ses élévations ; enfin, ce sont des
animaux dont l’existence et l’état renversent toutes les
idées-que nous nous étions formées de la nature animale.
Parmi les merveilles sans nombre que la nature - offre
de toute part;à nos observations, celle peut-être qui,est
la plus étonnante, c’est de voir la vie animale pouvoir
exister dans des corps aussi frêles et aussi simples que
ceux qui constituent les animaux de cette classe, et surtout
dé son premier ordre.
•En-effet, les infusoires, considérés dans ceux dont
j’assigne le caractère classique , nous présentent l’Organisation
animale dépourvue de tout organe particulier
intérieur, constant et déterminable, réduite à n’offrir
qu’une ' masse de tissu . cellulaire variée, extrêmement
petite, frê le , presque sans consistance, et cependant
vivante et très-irritable.
A in s i, non - seulement ces singuliers animaux n ont
point de tête , point d’y eux, point de muscles, point de
vaisseaux, point de nerfs, mais ils n’ont même aucun
organe particulier déterminable, soit pour la respiration,
soit pour la génération , soit , enfin , pour la digestion.
Aussi, ce ne sont que des corpuscules extraordinairement
petits, nus, gélatineux; ce ne sont que des points vivans;
. . Cependant, retrouver la vie animale dans des corps
aussi frêles et aussi simples «que ceux dont il est question,
c’ est une considération tellement donnante, d après les
idées que l’on s’était formées de la v ie , considérée dans les
animaux les plus parfaits, que plusieurs personnes n ont
pas osé croire à la réalité de ce fait, et qu il y en a même
q,ui l’ont inconsidérément nié.
On a effectivement beaucoup écrit pour contester la -
nimalité de ces corpuscules mou vans; mais on est main-
teriant forcé de céder à la raison qui s appuie sur des
faits décisifs. O r , ces faits attestent non-seulement que les
corpuscules dont-il s’agit sont des corps vivàns , puisquils
en ont les qualités essentielles, et qu en effet ils se régénèrent
et se multiplient eux-mêmes ; mais en outre que ce
sont de véritables animaux, puisqu’ils sont irritables, qu ils
se meuvent, et qu’ils exécutent des mouvemens subits
qu’ils peuvent répéter de suite plusieurs fois.
D’ailleurs, comment reconnaître', comme on le fait,
l’animalité des p o ly p e s sans admettre celle des v o r t ie e lle s ;