les mêmes circonstances, s’ils eussent généralement
et toujours conservé les mêmes habitudes, et s’ils
n’en eussent jamais changé ni formé de nouvelles ;
ce que l’on a , en effet , pensé , et ce qui n’a aucun
fondement.
L ’erreur où nous sommes tombés à cet égard,
prend sa source dans la difficulté que nous éprouvons
à embrasser dans nos observations un temps considérable.
Il en résulte pour nous l’apparence d’une
stabilité dans les choses que nous observons, stabilité
qui pourtant n’existe nulle part.
De là, l’idée que toutes les races des corps vivans
sont aussi anciennes que la nature , qu elles ont toujours
été ce qu elles sont actuellement, et que les
matières composées qui appartiennent au régné minéral
sont dans le même cas ; de là, résulterait nécessairement
que la nature n’a aucun pouvoir, qu elle
ne fait rien, quelle ne change rien^ et que, n’opérant
rien , des lois lui sont inutiles ; de là, enfin ,
il s’ensuivrait que, ni les végétaux, ni les animaux
ne sont ses productions.
Pour conserver une pareille opinion et entretenir
une erreur de cette sorte , il faût bien se garder
de rassembler et de considérer les faits qui nous sont
présentés de toute part ; et il faut repousser toutes
les observations qui les constatent ; car les choses
sont assurément bien différentes.
Laissant à l’écart les faits connus et les observa,--
tions qui prouvent que l’ordre de choses existant est
fort différent de celui qu’on a voulu et qu’on veut
encore y substituer, je dirai ;
Que, silos animaux sont des productions de la
nature, il- est évident qu elle n’a pu les produire
et les faire exister tous a-la-fois, en couvrir dans le
meme temps presque tous les points de la surface
du globe, et en remplir ses eaux liquides pareillement
a-la-fois ; car, elle n’opère rien que graduellement,
que peu à peu; et même, presque toutes ses opérations
s’exécutent, relativement à notre durée individuelle
, avec une lenteur qui nous les rend insensibles.
Or, si la nature na produit, soit les végétaux,
soit les animaux, que successivement, et en commençant
par faire exister, de part et d’autre, les
plus imparfaits; il n’est personne qui ne sente qu’elle
a du répandre, de proche en proche et peu-à-peu,
dans toutes les eaux et sur les différens points de la
surface du globe, tous ceux de ces corps vivans qui
sont successivement provenus des premiers qu’elle a
formés.
Que l’on juge maintenant quelle énorme diversité
de circonstances d habitation, d’exposition, de climat,
de matières nutritives a leur disposition, de
milieux environnans, etc., les végétaux et les animaux
ont eu à supporter, à mesure que les races existantes
se sont trouvées dans le cas de changer de lieu !
Tome I. j3