
Si cette Source où les mouvemens vitaux piiisent là
force qui les fait s’exécuter, est incontestable à l’égard
des (végétaux.,. elle l’est assurément aussi relativement
aux animaux imparfaits qui composent les premières
classes du règne animal j et, pour un grand nombre de
ces animaux, elle l’est en outre des mouvemens particuliers
de leurs corps. Voilà ce dont maintenant il n’est
plus raisonnablement possible dè douter, et ce qui ,
comme vérité ^ est à l’abri de tout ce qtie le tems pourra
produire. , ,
Outre leur extrême contractilité qui les fait changer
de forme d’un instant à l’autre , certains infusoires exécutent
dans l’eau des mouvemens assez lents> tandis que
d’autres en offrent de très-vifs. Ces mouvemens, qui en
vénérai sont variés à raison de la forme de ces corps ,
sont tantôt de rotation sur eux-mêmes , comme lorsque
ces petits corps sont sphériques, tantôt ondulatoires ou
oscillatoires, comme lorsque ces corps sont allongés,
et tantôt décrivent des lignes concentriques oü spirales ,
comme lorsque ces mêmes corps sont aplatis.
Je le répète : la vivacité de ces mouvemens ne saurait
provenir d’une force organique , capable d’en produire
de semblables ; on sent assez que dans d’aussi frêles
corps une pareille force ne saurait exister. Cette vivacité
des mouvemens résulte donc nécessairement de l’extrême
petitesse des corps dont il s agit, ces petits corps cedant
aux conflits d’agitation que les fluides subtils environnans
leur font éprouver en s’y précipitant et s’en exhalant
sans cesse. Or, d’une part, la forme générale de chacun
de ces corpuscules animés contribue à l’espèce de mouvement
que les fluides subtils ambians leur font subir,
et de l’autre part, les routes particulières que se sont frayées
ces fluides subtils en traversant l’intérieur de ces petits
corps i y concourent aussi de leur côté.
En observant les mouvemens qu’exécutent les infusoires
dans les eaux, ces mouvemens ont paru s’accélérer
ou se rallentir et quelquefois même s’interrompre
au gré de l’animal ; chaque espèce a semblé jouir d’une
sorte d’instinct ; enfin, l’on s’est imaginé qu’ils évitaient
les obstacles et fuyaient ce qui peut leur nuire.
Ce sont-la réellement des erreurs de jugement, et les
suites des préventions auxquelles nous nous sommes livrés.
Qui ne sait que l’on croit facilement ce que l’on s’est
persuadé devoir être !
Ces animaux sont le jouet de toutes les impressions
qu’ils éprouvent et qui les agitent. Les causes qui les
meuvent sont elles-mêmes susceptibles de variations dans
leurs influences. D’ailleurs, si dans un mouvement de
tournoiement ou d’oscillation, un infusoire semble éviter
un corps du voisinage , les émanations continuelles de
ce corps (i) suffisent pour repousser l’animalcule dans
son mouvement, et pour opérer mécaniquement l’effet
(i) Relativement aux fluides subtils qui sé meuvent presque
sans cesse dans les milieux environnans, la diversité
des corps qui en reçoivent et en transmettent les effleuves,
apporte nécessairement des différences dans ces effleuves,
dans leur direction, leur abondance ,leur interruption, etc,
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