
3.° Un penchant à dominer;
4-° Une répugnance pour sa destruction.
Je suis persuadé que c’est à ces quatre penchans
secondaires qu’il faut rapporter l’énorme diyersité
de penchans ou de sentimens particuliers, dont
l’homme , vivant en société, offre des exemples dans
ses actions, et qui prennent leur source, tantôt d’un
seul des quatre cités, tantôt de plusieurs à-la-fois. Essayons
de reconnaître les premiers produits des quatre
penchans dont il s’agit, et nous nous y bornerons.
Tendance vers le bien-être.
La tendance vers le bien-être existe chez nous
généralement, et concourt à notre conservation ou
la favorise. En effet, non-seulement elle entraîne la
nécessité pour nous de fuir le mal-être, c’est-à-dire,
d’éviter la souffrance, de quelque nature et dans
quelque degré qu’elle soit; mais, en outre, elle nous
porte sans cesse à nous procurer l’état opposé, c’est-
à-dire, le bien-être.
Or, le bien-être n’est pas encore l’état où l’on
serait borné à n’éprouver aucune sorte de mal-être ;
cet état, même, ne saurait exister pour Y homm e ,
parce que ce dernier a toujours quelque désir et
par conséquent quelque besoin non satisfait. Mais le
bien-être se fait constamment ressentir en lui chaque
fois qu’il obtient une jouissance quelconque; et
certes, toute jouissance n’a lieu que lorsqu’on satisfait
un besoin de quelque nature qu’il soit. On sait
assez que, selon le degré d’exaltation du sentiment
qu’on éprouve alors, on obtient ce qu’on nomme,
soit de la satisfaction, soit du plaisir.
Il résulte de ces considérations que, surtout pour
l’homme, le bien-être ne saurait être un état constant;
qu’il est essentiellement passager; que Y homme
l’obtient, en un degré quelconque, dans chaque
jouissance, et qu’à cet égard il le perd nécessairement
dans chaque besoin entièrement satisfait; qu’il en est
de même du mal-être, quel que soit son degré ; que
ce mal-être ne saurait avoir une durée absolue et
uniforme dans un individu, parce qu’il est toujours
interrompu ou en quelque sorte suspendu par quelque
genre de jouissance; qu’enfin, c’est de ces alternatives
irrégulières de bien-être et de mal-être que se
compose la destinée de Yhomme, selon les circonstances
de sa situation dans la société, de ses rapports
avec ses semblables, ou de son état physique et
moral.
Ainsi, notre tendance vers le bien-être, c’est-à-
dire, vers les jouissances que nous éprouvons en
satisfaisant à quelque besoin, non-seulement nous
fait rechercher les sensations et les situations qui noûs
plaisent et qui sont l’objet de nos désirs, mais elle
nous porte aussi à nous soustraire aux peines de l’esprit,
à tout ce qui nous inquiète ou afflige notre pen