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Le bien ou le mal dans l’univers n’est donc que
relatif a l’intérêt particulier de chaque partie : il n’a
rien de reel, soit à l’egard de l’ensemble qui constitue
l’univers physique, soit relativement à l’ordre
de choses auquel ses parties sont assujéties; car, ces
deux objets sont inaltérablement ce que la puissance
qui les a fait exister a voulu qu’ils fussent.
Si la nature ne peut autre chose : sur la matière,
que la modifier, quen déplacer, réunir, désunir
et combinei des portions ; sur le mouvement, que
le diversifier d’une infinité de manières différentes ou
l’opposer à lui-même; sur ses propres loisi; qu’employer
nécessairement celle qui, dans chaque circonstance,
doit régler son opération; sur Y espace,
qu’en remplir et désemplir localement et temporairement
des parties; en un mot, sur le tems, qu’en
employer des portions diverses dans ses opérations ;
elle peut tout, néanmoins, à l’aide de ces moyens,
maux et comme désordres, ce qui tient essentiellement k la
nature des choses, c’est-k-dire, ce qui n’est que le résultat
d’un ordre général et constant de changemens, d’altérations,
de destructions et de renouvellemens k l’égard des corps de
tout genre.
J.-J, Rousseau réfuta Voltaire par sentiment; mais il l’eût
fait plus victorieusement encore , s’il eût reconnu cet ordre
général institué dans les diverses parties de l’univers par le
puissant auteur de tout ce qui existe.
et c’est elle, effectivement, qui fait tout, relativement
aux différens corps et aux faits physiques que nous
observons.
On peut donc regarder maintenant comme une
connaissance positive que, sauf les objets de création
primitive, c’est-à-dire, l’existence de la matière en
elle-même, celle du mouvement considéré dans son
essence, celle des lois qui régissent tous les ordres
de mouvement, celle, enfin, de Y espace et celle du
tems qui ne peuvent être postérieures et appartenir
à une autre source; tous les corps, sans exception,
doivent à cet ensemble d’objets primitivement créés,
à la nature, en un mot, leur existence, leur état,
leurs propriétés, leurs facultés, et tous les changemens
qu’ils subissent; et que tous, enfin, sont véritablement
ses productions.
La nature, cependant, n’est que l’instrument,
que la voie particulière qu’il a plu à la puissance suprême
d’employer pour faire exister les différens
corps , les diversifier, leur donner, soit des propriétés
, soit même des facultés, en un mot,pour mettre
toutes les parties passives de l’univers dans l’état
mutable où elles sont constamment. Elle n’est, en
quelque sorte, qu’un intermédiaire entre DietJ et les
parties de l’univers physique, pour l’exécution de la
volonté divine.
C’est donc dans ce sens que nous pouvons dire
que les animaux, ainsi que les facultés qu’ils pos