Par ce moyen , l’échelle animale se trouvera partagée
naturellement en trois coupes primaires, supérieures
aux coupes classique^. Les animaux vertébrés
fournissent la première de ces trois coupes, et
les animaux sans vertèbres donnent la deuxième et
la troisième ou inversement. Ces divisions seront
instructives, commodes pour 1 étude, et faciliteront
le placement, dans la mémoire, des objets qu elles
embrassent.
Il ne s’agissait donc plus que d’assigner a chacune
de ces ti'ois coupes une dénomination comparative,
renfermant une idée importante relativement aux animaux
qui s’y rapportent. C’est ce que j ai fait, en
cônsidérant, dans ces mêmes animaux, 1 exclusion ou
la possession des facultés les plus éminentes dont la
nature animale puisse être douée ; savoir : le sentiment
et X intelligence.
En considérant encore attentivement les objets
sur lesquels j’avais à prononcer , je fus bientôt convaincu
que ce n’était pas seulement par des différences
de forme et de situation des parties, que les
animaux de chacune des deux coupes qui divisent
les invertébrés, sont distingués les uns des autres ;
car, ils le sont aussi singulièrement par la nature des
facultés qui leur sont propres.
En effet, les uns ne sauraient jouir de la faculté
de sentir, puisqu’ils ne possèdent point le système
d’organes particulier qui seul peut donner lieu à cette
faculté j et les mouvemens qu’ils exécutent, attestent,
effectivement,» qu’ils ne se meuvent que par
leur irritabilité excitée par des causes externes.
Les autres, au contraire, possédant tous un système
nerveux, assez avancé dans sa composition pour
produire en eux le sentiment, l’observation de leurs
mouvemens et de leurs habitudes prouve qu’ils en
jouissent réellement, et qu’ils se meuvent très-sou-
vént par des excitations internes, qui proviennent
des émotions de leur sentiment intérieur.
Les premiers sont donc des animaux apathiques ;
tandis que les seconds sont véritablement des animaux
sensibles.
Voilà, pour les animaux sans vertèbres, un
partage fortement tracé, et qui donne lieu parmi
eux à deux coupes très-distinctes ,* d’autant plus que
chacune de ces coupes est caractérisée par des différences
de forme et de situation des parties dans les
animaux qui en dépendent.
Ce n’est pas tout : si, parmi les animaux sans
vertèbres , il y en a quantité qui jouissent de la faculté
de sentir j on peut prouver par l’observation
des faits relatifs à leurs actions habituelles, qu’aucun
d’eux ne possède des facultés d ’intelligence.
En effet , on n’en a vu aucun varier arbitrairement
ses actions j on n’en a vu aucun parvenir au but où
il tend dans chaque besoin, par des actions différentes