
venant à naître par un nouveau besoin ressenti, don-?
neront nécessairement naissance à l’organe propre à
satisfaire à ce nouveau besoin, si cet organe n’existe
pas encore.
A la vérité, dans les animaux assez imparfaits pour
ne pouvoir posséder la faculté de sentir, ce ne peut
être à un besoin ressenti qu’on doit attribuer la formation
d’un nouvel organe ; cette formation étant
alors le produit d’une cause mécanique, .comme
celle d’un nouveau mouvement produit dans une partie
des fluides de l’animal.
Il n’en est pas de même des animaux à organisation
plus compliquée, et qui jouissent du sentiment. Ils
ressentent des besoins , et chaque besoin ressenti^
émouvant leur sentiment intérieur fait aussitôt diriger
les fluides et les forces vers le point du corps où
une action peut satisfaire au besoin éprouvé. O r , s’il
existe en ce point un organe propre a cette action,
il est bientôt excité a agir ; et si l’organe n’existe pas,
et que le besoin ressenti soit pressant et soutenu,
peu-à-peu l’organe se produit, et se développe à
raison de la continuité et de l’énergie de son emploi.
Si je n’eusse pas été convaincu y i.° que la seule
pensée d’une action qui l'intéresse fortement, suffit
pour émouvoir le sentiment intérieur d’un individu
(i) ; 2.0 qu’un besoin ressenti peut lui-même émou-
(i) J’ai déjà dit que la pensée était un phénomène tout-'avoir
le sentiment en question ; 3.° que toute émotion
du sentiment intérieur, à la suite d’un besoin qu’on
éprouve, dirige dans l’instant même une masse de
fluide nerveux sur les points qui doivent agir, qu’elle
y fait aussi affluer des liquides du corps et surtout
ceux qui sont nourriciers; qu’enfin, elle y met en acfait
physique, résultant de la fonction d’un organe qui a la
faculté d’y donner lieu.
Rien, effectivement, n’est plus fréquemment remarquable
, surtout dans l’homme, que les effets de la pensée ,
soit sur le sentiment intérieur, soit sur différens des organes
internes, selon la nature particulière de la pensée produite.
Enfin , comme l'imagination se compose de pensées , on
ne saurait croire jusqu’à quel point elle agit sur nos organes
intérieurs, et combien peuvent être grandes les impressions
qu’elle y occasionne.
Quel est l’homme qui ignore les effets que peut produire
sur son individu , la vue d’une femme jeune et belle,
ainsi que la pensée qui la reproduit à son imagination lorsqu
elle n’est plus présente ? Qui ne connaît les suites fâcheuses
d’une grande frayeur , d’une nouvelle affligeante ,
et quelquefois même d’une joie considérable subitement
éprouvée.? Qui ne sent encore que c’est ce fonds de vérités
positives, lesquelles ont pourtant leurs limites, qui a donné
lieu à ce qu’on nomme le magnétisme a n im a l, où ce qu’il
y a de réel n’est guère que le produit des effets de l’imagination
sur nos organes intérieurs ; mais auquel l’ignorance
et peut-etre le charlatanisme , ont attribué un pouvoir absurde
, extravagant et à-la-fois ridicule ?