
L execution de ces trois sortes d’opérations est sans
contredit indispensable. C’est une chose qui a été
bien sentie ; et chaque auteur s’en est plus ou moins
occupé, mais toujours arbitrairement, c’est-à-dire,
sans l’établissement préalable des principes dignes de
l’assentiment général, en un mot, des principes propres
à exclure l’arbitraire, et à fixer réellement la
science.
La première de ces opérations, celle qui a pour
objet de rapprocher les animaux les uns des autres,
de manière à en former une série générale, est une
préparation essentielle qui doit précéder les autres
opérations, et sans laquelle on ne saurait les exécuter.
Elle tend d’ailleurs à nous faire découvrir l’ordre
même de la nature j ordre qu’il nous importe si fort
de reconnaître.
Quoique la nature ait suivi nécessairement un ordre
dans la production des corps vivans, et surtout
dans celle des animaux, comme elle a dispersé ces
animaux et mélangé leurs races diverses à la surface
du globe et dans ses eaux liquides, son ordre de formation
à leur égard est en quelque sorte défiguré, et
n’est point apparent. Nous sommes donc obligés,
pour parvenir à le découvrir, de chercher quelque
moyen qui puisse nous conduire à cette découverte,
et de trouver quelques principes solides qui nous mettent
dans le cas de reconnaître, sans erreur cet
ordre que nous cherchons.
A cet égard, le pas le plus important a déjà été
fait, lorsqu’on a reconnu l’intérêt qu’inspirent les
rapports , et la nécessité de parvenir à les connaître,
afin d’y assujétir toutes les parties de nos distributions.
Ainsi, nous avons senti que, pour réussir à établir
une bonne distribution des animaux, sans que l’arbitraire
de l'opinion en affaiblisse nulle part la solidité,
il était nécessaire, avant tout, de rapprocher les
animaux les uns des autres, d’après leurs rapports les
mieux déterminés ; et qu’ensuite, l’on pourrait, sans
inconvénient, tracer les lignes de séparation qui détachent
les masses classiques , ainsi que les coupes
subordonnées, utiles à établir, pourvu que les rapports
ne fussent nulle part compromis par la composition
et l’ordre de nos diverses coupes.
Tel est l’état des lumières acquises relativement à
l’établissement de nos distributions ; mais il reste
beaucoup à faire pour perfectionner nos travaux à cet
égard, et pour détruire Y arbitraire qui s’est introduit
dans les déterminations même de bien des rapports.
Il y en a, en effet, de différentes sortes ; et comme
leur valeur particulière est loin d’être égale partout,
on ne saurait l’assigner avec justesse, si l’on
n’admet préalablement quelques règles pour arrêter
l’arbitraire dans ces déterminations.
Afin de remédier au mauvais ordre de choses qui
s’est introduit dans les parties de l’art, ordre de choses
qui annulle nos efforts en faisant sans cesse varier