
Or, le sentiment intérieur dont il s’agit, étant évi»
demment une dépendance essentielle du système or-
ganique des sensations, les penclians. observés dans
les etres doues de ce sentiment intérieur , sont donc
de véritables produits de l’organisation de ces êtres.
Ainsi, 1 ignorance de ces vérités positives pourrait
seule faire regarder comme étrangers à mon sujet,
les objets dont je vais m’occuper.
Laissant à 1 écart ce que Yhomme peut tenir d’une
source supérieure, et ne voulant considérer en lui
que ce quil doit à la nature, il me parait que ses
penchans generaux, qui influent si puissamment sur
ses actions diverses , sont aussi de véritables produits
de son organisation, c’est-à-dire , du sentiment interieur
dont il est douej sentiment qui l’entraîne à son
insu , dans un grand nombre de ses actions. Il me
semble , en outre, que ses passions, qui ne sont que
des exaltations de ceux de ses penchans naturels auxquels
il s’est imprudemment abandonné, tiennent,
d une part, à la nature, et de l’autre, à la faible
culture de sa raison, qui alors lui fait méconnaître
ses véritables intérêts.
Si je suis fondé dans cette opinion, il sera possible
de remonter à la source des penchans et des
passions de Yhomme , et de prévoir, dans chaque
Cas Considéré, le fond principal des actions qu’il doit
exeCuter : il suffira pour cet objet de faire une analyse
exacte de ses penchans divers,
ï Mais > pour parvenir à montrer l’existence d’un
ordre de choses, qui ne paraît pas avoir encore attiré
notre attention, je ne dois pas anticiper les considérations
propres a le faire connaître. Ainsi, remarquant
que la source des penchans de,Y homme est
tout-à-fait la même que celle des penchans des animaux
sensibles, je vais d’abord déterminer cette
source, ainsi que ses produits, dans les animaux en
question je montrerai ensuite quelle se retrouve
dans l’homme, et qu’en lui ses résultats sont plus
éminemment prononces, et infiniment plus sous—
divisés.
§ I. Source des penchans et des actions des
animamp sensibles.
Par une loi de la nature , tous les êtres sensibles et
qui, conséquemment, jouissent de ce sentiment intérieur
et obscur qu’on a nommé sentiment d’existence,
tendent sans cesSe à se conserver, et par là
sont irrésistiblement assujétis à un penchant eminent
qui est la source première de toutes leurs actions ‘, je
le nomme :
Penchant a la conservation.
I c i , je me propose de montrer que c’est uniquement
à ce penchant général qu’il faut rapporter la
source de toute action quelconque de ceux des animaux
qui jouissent de la faculté de sentir.
Pour atteindre mon but, je dois rappeler la liié