
Discussion pour établir les preuves du défaut ^irritabilité
dans les parties des végétaux.
Le point essentiel que je dois traiter d’abord, est
celui de prouver que le sentiment et Y irritabilité
sont des phénomènes très—differens, et qu’ils sont
dus à des causes qui n’ont aucun rapport entr’elles.
On sait que Haller avait déjà distingué ces deux
sortes de phénomènes j mais, comme la plupart
des zoologistes de notre temps Içs confondent encore
, il est utile que je m’efforce de rétablir cette
distinction dont le fondement est de toute évidence.
Je montrerai ensuite qu’indépendamment de l’erreur
qui fait confondre le sentiment avec Y irritabilité
, on a pris, dans les végétaux, certains mou-
vemens observés dans des circonstances particulières
, pour des produits de Y irritabilité ; tandis,
que ces mouvemens , comme je vais le prouver,
n’ont pas le moindre rapport avec ceux qui dépendent
du phénomène organique dont il est question.
Pour s’assurer que le sentiment est un phénomène
très-différent de celui que Y irritabilité constitue, il
suffit de considérer les trois caractères suivans dans
lesquels les conditions des deux phénomènes sont
mises en opposition.
Premier caractère : Tout animal doué du sentiment
possède constamment dans son organisation
un système d’organes particulier, propre à la production
de ce phénomène. Or , ce système d’organes
qui se compose toujours de nerfs et d’un ou
de plusieurs centres de rapports, se distingue aisément
des autres parties de l’organisation. 11 en
résulte qu’en altérant ce système dans certaines de
ses parties, l’on détruit à volonté la faculté de sentir
dans les parties de l’animal que l’organe altéré
faisait jouir du sentiment, et l’on rend ces parties
insensibles, sans détruire leur vitalité.
Au contraire, pour la production du phénomène
de l’irritabilité, il n’y a dans les parties irritables
des animaux, aucun organe particulier quelconque,
aucun organe distinct qui ait seul en propre le pouvoir
de donner heu au phénomène en . question 7
mais la composition chimique de ces parties est
telle, quelle les met continuellement dans le cas,
tant qu’elles sont vivantes, de se contracter sur elles-
mêmes à la provocation de toute cause irritante. O r ,
l’on ne saurait altérer la faculté irritable de ces parties,
qu’en y anéantissant la vie, puisqu’elles ne tiennent
d’aucun organe particulier Y irritabilité qu’elles possèdent.
Deuxième caractère : Les organes bien connus
par la voie desquels le phénomène du sentiment
s’exécute, ne sont point distinctement ou essentiellement
contractiles j aussi, aucune observation cons