
détermination par la pensée, qui ne peut avoir lieu
que lorsque l’être qui veut, peut ne pas vouloir; que
cette détermination résulte d’actes d’intelligence,
c’est-à-dire, d’opérations entre des idées; et qu’en
général, elle s’opère à la suite d’une Comparaison,
d'un choix, d’un jugement, et toujours d’une
-préméditation. Or, comme toute préméditation est
un emploi d’idées, elle suppose non-seulement la
faculté d’en acquérir, mais , en outre, celle de les
employer et de former des actes d’intelligence..
De pareilles facultés ne sauraient être le propre de
tous les animaux ; et celle surtout de pouvoir exécuter
des actes d’intelligence étant assurément la plus
éminente de celles que la nature ait pu donner à
des animaux, on sent qu'elle exige dans le petit
nombre de ceux qui en sont doués, un système
d’organes particulier, très-composé , que la nature
n’a pu faire exister que dans la plus compliquée des
organisations animales. On peut dire même qu’elle
n’y est parvenue qu’insensiblement et par des degrés
en quelque sorte nuancés, qu’en l’instituant d’abord
d’une manière très-obscure, et terminant ensuite
par la rendre très-remarquable dans les plus parfaits
des animaux.
Ainsi, tout acte de volonté étant une détermination
par la pensée , à la suite d’un choix, d’un juge-1-
ment, et tout mouvement volontaire étant la suite
d’un acte de volonté, c’est-à-dire, d’une détermination
par la préméditation, et conséquemment par
acte dintelligence, dire que tous les animaux soient
doués de mouvement volontaire, c’est leur attribuer
à tous généralement des facultés d’intelligence
: ce qui ne saurait être vrai, ce qui ne peut
etre propre de toutes les organisations animales,
ce que contredit l’observation des faits relatifs aux
plus imparfaits des animaux, enfin, ce qui constitue
une erreur manifeste, que les lumières de notre siècle
ne permettent plus de conserver.
Mais, quoique ce soient les plus parfaits d’entre les
vertébrés qui puissent le plus agir volontairement,
c est-à-dire, à la suite d'une préméditation, parce
qu’en effet, ils possèdent, dans certains degrés, des
facultés d’intelligence; l’observation atteste que chez
les animaux dont il s’agit, ces facultés sont rarement
exercées, et que dans la plupart de leurs actions,
c est la puissance de leur sentiment intérieur, ému
par des besoins, qui les entraîne et les fait agir immédiatement,
sans préméditation, et sans le concours
d aucun acte de volonté de leur part.
Je n ai point de terme pour exprimer cette puissance
intérieure dont jouissent non-seulement les
animaux mtelligens, mais encore ceux qui ne sont
doués que de la faculté de sentir; puissance qui,
émue par un besoin ressenti, fait agir immédiate-
ment l’individu, c’est-à-dire, dans l’instant même
Tome /. HP