soit prolifère, est donc réellement un individu isolé.
Ce qui prouve que le végétal annuel dont je viens
de parler est réellement simple , c’est qu’il n’ofïre
point de gemmation véritable; c’est qu’il ne peut reproduire
qu’un végétal ou que des végétaux séparés
de lui.
Ce n’est pas là, à beaucoup près, le cas de tous
les végétaux : la plupart sont véritablement des êtres
composes , et nous offrent, comme les polypes,
des réunions d’individus qui vivent ensemble sur un
corps commun persistant qui en développe successivement
d’autres ; mais chacun de ces individus conserve
rarement son existence au delà d’une année. Ils
laissent tous , avant de périr, des produits subsistans
de leur végétation qui ajoutent au volume du corps
commun, et, en outre, ils fournissent les gages d'une
reproduction prochaine d’individus nouveaux, soit
dans les semences, soit dans les corpuscules reproductifs
, soit dans les bourgeons qu’ils produisent.
Quant au corps commun qui survit aux individus
annuels, il est évidemment le résultat de toutes les
végétations qui l’ont d’abord formé , et qui ensuite
y ont successivement ajouté leur produit particulier.
Ce corps commun, jouissant d’une vie indépendante
de celle des individus, continue de s’accroître de son
côté, par les additions qu’il en reçoit ; et , sans; le
concours d’aucun organe sexuel, il produit lui-même
une gemmation périodique qui développe successivement
les nouveaux individus adhérens qu’il doit
nourrir. Ainsi, les graines et les corpuscules reproductifs
( les gemmules séparables, les cayeux, etc. )
servent à multiplier les végétaux séparés d’une même
espèce ; et les bourgeons produits par le corps commun
, sont employés à renouveler sur ce corps les
individus qui y ont vécu et ont péri.
Ce n’est pas tout : non seulement le corps commun
dont il s’agit, jouit, dans sa masse entière, d’une
vie indépendante de celle des individus qu’il nourrit,
mais chaque portion particulière de sa masse jouit
elle-même d’une vie indépendante de celle des autres
portions, ce qui est cause qu’une de ces portions
séparée peut continuer de vivre de son côté : de là
les boutures.
Si dans les végétaux ligneux, les produits de végétation
de chaque individu sont persistans , tandis
qu’ils ne le sont pas dans les végétaux annuels, c’est
que, fortifiés en se formant par le concours de toutes
les autres végétations individuelles, et participant à la
vie du corps commun, ces produits acquièrent rapidement
assez de consistance pour résister aux causes
qui peuvent les faire périr; c’est, en outre, que les
matériaux de leur nutrition , élaborés dans le corps
commun, y apportent les principes qui les solidifient^
Ainsi, lorsque je vois un arbre ou un arbrisseau,
ce n’est réellement pas une plante simple que j’ai