citée, en parlant des confusions d’idées auxquelles la
considération de la nature a donné lieu ,* et tâchons
de la détruire.
On a pensé que la nature était Dieu même : c’est,
en effet, l’opinion du plus grand nombre ; et ce n’est
que sous cette considération, que l’on veut bien admettre
que les animaux, les végétaux, etc., sont
ses productions.
Chose étrange ! l’on a confondu la montre avec
l’horloger? l’ouvrage avec son auteur. Assurément,
cette idée est inconséquente, et ne fut jamais approfondie.
La puissance~qui a créé la nature, n’a, sans
doute, point de bornes, ne saurait être restreinte ou
assujétie dans sa volonté, et est indépendante de
foute loi. Elle seule peut changer la nature et ses
lois ’y elle seule peut même les anéantir ; et quoique
nous n’ayons pas une connaissance positive de ce
grand objet, l’idée que nous nous sommes formée
de cette puissance sans bornes, est au moins la plus
convenable de celles que l’homme ait dû se faire de
la Divinité, lorsqu’il a su s’élever par la pensée jusqu’à
elle.
Si la nature était une intelligence, èlle pourrait
vouloir, elle pourrait changer ses lois, ou plutôt elle
n’aurait point de lois. Enfin, si la nature était Dieu
même, sa volonté serait indépendante, ses actes ne
seraient point forcés. Mais il n’en est pas ainsi •, elle
est partout, au contraire, assujétie a des lois constantes
sur lesquelles elle n’a aucun pouvoir ; en
sorte que, quoique ses moyens soient infiniment diversifiés
et inépuisables, elle agit toujours de même
dans chaque circonstance semblable , et ne saurait
agir autrement.
Sans doute, toutes les lois auxquelles la nature est
assujétie, dans ses actes, he sont que l’expression de
la volonté suprême qui lés a établies j mais la nature
n’en est pas moins un ordre de choses particulier,
qui ne saurait vouloir, qui n’agit que par nécessité,
et qui ne peut exécuter que ce qu’il exécute.
Beaucoup de personnes supposent une âme univers
selle qui dirige, vers un but qui doit être atteint,
tous les mouvemens et tous les changemens qui s’exécutent
dans les parties de l'univers.
Cette idée, renouvelée des anciens qui ne s’y bornaient
pas, puisqu’ils attribuaient en même temps
une âme particulière à chaque sorte de corps, n’est-
elle pas au fond semblable à celle qui fait dire à présent,
que la nature n’est autre que D ieu même? Or,
je viens de montrer qu’il y a ici confusion d’idées incompatibles,
et que la nature n’étant point un être,
une intelligence, mais un ordre de choses partout
assujéti, on ne saurait absolument la comparer en
rien à Y être suprême dont le pouvoir ne saurait être
limité par aucune loi.
C’est donc une véritable erreur que d’attribuer à la
nature un but, une intention quelconque dans ses