
a.° Que les animaux sensibles n’ont qu’un ou
deux penchans secondaires ; parce que ces animaux,
dépourvus de facultés d’intelligence , ne sauraient
varier leurs actions, et qu’ils n’ont que des habitudes
qui sont constamment les mêmes dans tous les
individus des mêmes espèces ;
3.° Que les animaux intelligens ont trois penchans
secondaires assez distincts, qui se sous-divisent
en plusieurs autres -, parce qu’ayant des facultés d’intelligence
, ils peuvent varier leurs actions, lorsque
des difficultés, pour satisfaire à leurs besoins , les y
contraignent.
Néanmoins, l’analyse des penchans, soit des animaux
sensibles, soit des animaux intelligens, est
nécessairement très-bornée ; car les besoins essentiels
des uns et des autres ne sont pas nombreux;
et comme les plus perfectionnés de ces animaux ne
donnent leur attention qu’aux objets relatifs à leurs
besoins essentiels, ils n’acquièrent, en général,
qu’un petit nombre d’idées, et ne sauraient offrir
beaucoup de diversité dans leurs penchans.
Il n’en est pas de même de Yhomme, vivant en
société : tendant toujours à étendre ses jouissances
et ses désirs, il s’est créé peu-à-peu une multitude
de besoins divers, étrangers à ceux qui lui étaient
essentiels. Enfin, observant tout ce qui peut lui être
utile, tout ce qui est relatif à ses nombreux intérêts,
à ses jouissances variées» et croissantes, il a multiplié,
par là, ses idées presqu’à l’infini. Il en est résulté
que ses penchans, les mêmes dans leur source
que ceux des animaux sensibles et des animaux intelligens
, offrent, non dans tous les individus, mais
en raison des circonstances où chacun d’eux se rencontre
, une diversité et des sous-divisions presque
sans terme.
Essayons, cependant, d’exposer les principaux des
penchans de l’homme , de montrer leur véritable
source, et d’établir les bases de leur hiérarchie,
c’est-à-dire, les premières divisions sur lesquelles
cette dernière repose.
§ II. Source des penchans, des passions et
de la plupart des actions de l'homme.
Uhojnme ne doit pas se borner à observer tout ce
qui est hors de lui, tout ce qu’il peut apercevoir dans
la nature ; il doit aussi porter son attention sur lui-
même , sur son organisation, sur ses facultés , ses
penchans, ses rapports avec tout ce qui l’environne.
Au moins, par une partie de son être, il tient
tout-à-fait à la nature, et se trouve, par là, entièrement
assujéti à ses lois. Elle lui donne, par celles
qui régissent son sentiment intérieur , des penchans
généraux et d’autres plus particuliers. Il ne saurait