
tinuité , avec ou sans terme ; soit du mouvement, soit
de l’existence des choses ; et que nous ne sommes
parvenus à mesurer, d’une part, qu’en considérant la
succession des déplacemens d’un corps, lorsqu’étant
animé d’une force uniforme, nous avons divisé en parties,
la ligne qu’il a parcourue, ce qui nous a donné
l’idée des durées finies et relatives ; et, de l’autre part,
lorsque nous avons comparé les différentes durées
d’existence de divers corps, en les rapportant à des
durées finies et déjà connu'es.
Ainsi, l’on peut maintenant se convaincre que l’ordre
de causes toujours actives qui constitue la nature,
et que les moyens que cette dernière a sans cesse à sa
disposition, sont des objets essentiellement distincts
de l’ensemble des êtres physiques et passifs dont se
compose l’univers ; car, à l’égard de la nature, ni le
mouvement, ni les lois de tous les genres qui régissent
ses actes, ni le temps et Y espace dont elle dispose
sans limites , ne sont le propre de la matière;
et l’on sait que la matière est la base de tous les êtres
physiques dont l’ensemble constitue Yunivers.
La définition de Yunivers phjsique , réduite à la
simplicité qui peut la rendre convenable, en donne
donc une idée exacte en montrant que la matière , et
que les corps dont la matière est la base, le constituent
exclusivement; que, conséquemment, ni cet
univers, ni ses parties, quelles qu’elles soient, ne
sauraient avoir en propre aucune activité, aucune
sorte de puissance. Or, ces considérations ne sont
.nullement applicables à la nature ; car,.celles qu’elle
nous présente sont tout-à-fait opposées.)
Il a fallu avoir observé au moins un grand nombre
des changemens qui s’exécutent continuellement et
partout dans les parties de Yunivers , pour apercevoir,
enfin , l’existence de cette puissance étendue, mais
assujétie dans ses actes, qui constitue la nature y de
cette puissance essentiellement étrangère à la matière
et aux corps qui en sont formés, et qui produit
tous les changemens que nous observons dans les différentes
parties de l’univers, ainsi que ceux que nous
ne pouvons observer. .
L’on a vu que la vie , que nous remarquons dans
certains cqrps, ressemblait en quelque sorte à la nature,
en ce qu’elle n’est point un être, mais un ordre
de choses animé de mouvemens, qui a aussi sa puissance,
ses facultés, et qui les exerce nécessairement,
tant qu’il existe ; la vie , cèpendant, présenté cette
différence considérable qui ne permet plus de la
mettre en comparaison avec la nature-, c’est que, ne
tenant ses moyens et son existence que- de cette
dernière même, elle amène sa propre destruction ;
tandis que la nature, comme tout ce qui a été créé
directement, est immutable , inaltérable, et ne saurait
avoir de terme que par la volonté suprême qui
seule l’a fait exister.
Passons à la seconde erreur que nous avons déjà
Torne J. 21