
opérations ; et cette erreur est des plus communes
parmi les naturalistes. Je remarquerai seulement que
si les résultats de ses actes paraissent présenter des
fins prévues, c’est parce que, dirigée partout par des
lois constantes, primitivement combinées pour le
but que s’est proposé son Suprême Auteur, la diversité
des circonstances que les ehoses existantes lui
offrent sous tous les rapports, amène des produits
toujours en harmonie avec les lois qui régissent tous
les genres de changement qu’elle opère; c’est aussi,
parce que ses lois des derniers ordres sont dépendantes
, et régies elles-mêmes par celles des premiers
ou des supérieurs.
C’est surtout dans les corps yivans, et principalement
dans les animaux, qu’on a cru apercevoir un
but aux opérations de la nature. Ce but cependant
n’y est là , comme ailleurs, qu’une simple apparence
et non une réalité. En effet, dans chaque organisation
particulière de ces corps, un ordre de choses, préparé
par les causes qui l’ont graduellement établi,
n’a fait qu’amener par des développemens progressifs
de parties, régis par les circonstances, ce qui
pops paraît être un but, et ce qui n’est réellement
qu’une nécessité. Les climats, les situations, les mi-
Jjieqx habités, les moyens de vivre et de pourvoir à sa
conservation, en un mot, les circonstances particulières
dans lesquelles chaque race s’est rencontrée,
ont amené les habitudes de cette race ; celles-ci y ont
q
plié et approprié les organes des individus ; et il en
est résulté que l’harmonie que nous remarquons
partout entre l’organisation et les habitudes des animaux,
nous paraît une fin prévue, tandis qu’elle
n’est qu’une fin nécessairement amenée (i).
La nature n’étant point une intelligence, n’étant
pas même un être, mais un ordre de choses constituant
une puissance partout assujétie à des lois, la
nature , dis-je, n’est donc pas D ieu même. Elle est
le produit sublime de sa volonté toute puissante ;
et pour nous, elle est celui des objets créés le plus
grand et le plus admirable.
Ainsi, ' la volonté de D ieu est partout exprimée
par l’exécution des lois de la nature, puisque ces lois
viennent de lui. Cette volonté néanmoins ne saurait y
être bornée , la puissance dont elle émane n’ayant
point de limites. Cependant, il n’en est pas moins
très-vrai que , parmi les faits physiques et moraux,
jamais nous n’avons occasion d’en observer un seul qui
ne soit véritablement le résultat des lois dont il s’aOg( i)it.
(i) Qu’est-ce donc que ce n isu s formateur dont on s’est
servi pour expliquer, à l’égard des corps vivans, soit les
faits généraux de développement et de variation de ces
corps, soit les faits particuliers que présente l'histoire physique
de Y homme dans les variétés reconnues de son espèce;
qu’est-ce, dis-je , que le n is u s formateur dont il s'agit ; si
ce n’est cette pu is sa n ce même de la n atu re que je viens de
signaler.