
des besoins de réparation pour les forces épuisées.
Or ^ je le répété, aucune de ces actions ne s’exécute
qu’a la suite de mouvemens et de déplacemens des
fluides subtils internes qui y donnent lieu.
Par la connaissance de cette grande vérité, sans
laquelle il serait absolument impossible d’apercevoir
les causes et les sources des actions, soit de l’homme,
soit des animaux sensibles, on conçoit clairement :
i.° Que, dans toute action souvent répétée, et surtout
qui devient habituelle, les fluides subtils qui la
produisent, se frayent et aggrandissent progressivement,
par les répétitions des déplacemens particuliers
qu’ils subissent, les routes qu’ils ont à franchir,
et les rendent de plus en plus faciles | en sorte que
l’action elle-même, de difficile qu’elle pouvait être
dans son origine, acquiert graduellement moins de
difficulté dans son exécution ; toutes les parties même
du corps qui ont à y concourir, s’y assujettissent peua
peu, et à la fin l’exécutent avec la plus grande
facilité;
a.® Qu’une action, devenue tout-à-fait habituelle,
ayant modifie 1 organisation intérieure de l’individu
pour la facilité de son exécution , lui plaît alors tellement
quelle devient un besoin pour lui ; et que ce
besoin finit par se changer en un penchant qu il ne
peut surmonter, s’il n’est que sensible, et qu’il surmonte
avec difficulté, s’il est intelligent.
Si 1 on prend la peine de considérer ce que je viens
d’exposer, d’abord il sera aisé de concevoir pourquoi
l’exercice développe proportionnellement les facultés;
pourquoi l’habitude de donner de l’attention aux objets
et d’exercer son jugement, sa pensée, agrandit si
fortement notre intelligence; pourquoi tel artiste qui
s’est tant appliqué à l’exercice de son art, y a acquis
des talens dont sont entièrement privés tous ceux qui
ne se sont point occupés des mêmes objets.
Enfin, en considérant encore les vérités exposées
ci-dessus, l’on reconnaîtra facilement la source du
grand pouvoir qu ont les habitudes sur les animaux,
et qu elles ont meme sur nous ; certes, aucun sujet ne
saurait être plus intéressant à étudier, à méditer.
Me bornant à ce simple exposé de principes qu’on
ne saurait contester raisonnablement, je reviens à
môn sujet.
Nous avons vu qu’en nous dirigeant du plus composé
vers le plus simple, dans la série des animaux,
chaque système d’organes particulier se dégradait et
s’anéantissait à un terme quelconque de la série; ce
que M. Cuvier reconnaît lui-même, lorsqu’il dit :
« On a aujourd’hui, sur les diverses dégradations du
système nerveux dans le règne animal, et sur leur
correspondance avec les divers degrés d’intelligence
des notions aussi complètes que pour le système sanguin
(i) ». Et ailleurs il dit : « En effet, si on par-
(i) Rapport sur les progrès des sciences naturelles , depuis
17B9, p.' x64-