de l’émotion qu'il éprouve ; et si cet individu est
de l’ordre de ceux qui sont doués de facultés d’intelligence,
il agit néanmoins, dans cette circonstance,
avant qu’aucune préméditation, qu’aucune opération
entre ses idées, ait provoqué sa volonté.
C’est un fait positif, et qui n’a besoin que d etre
remarqué pour être reconnu, savoir: Que dans les
animaux dont je viens de parler, et dans l’homme
même, par la seule émotion du sentiment intérieur,
■ une action se trouve aussitôt exécutée, sans que la
pensée, le jugement, en un mot, la volonté de l’individu
y ait eu aucune part ; et l’on sait qu une impression
ou qu’un besoin subitement ressenti, suffit
pour produire cette émotion.
Ainsi, nous-mêmes, nous sommesassujétis, dans
certaines circonstances, à cette puissance intérieure
qui fait agir sans préméditation. Et, en effet, quoique
très-souvent nous agissions par des actes de volonté
positive, très-souvent aussi chacun de nous, entraîné
par des impressions intérieures et subites, exécute
une multitude d’actions, sans l’intervention de.la
pensée et conséquemment d’aucun acte de volonté.
Cette puissance singulière, qui fait agir sans préméditation
et à la suite des émotions éprouvées,
est Celle-là même que l’on a nommée instinct dans
les animaux.
On vient de voir qu’elle ne leur est point particulière,
puisque nous y sommes aussi assujétis; à cette
considération j’ajouterai qu’elle ne leur est pas même
générale; car les animaux que j’ai nommés apathiques,
comme ne jouissant point du sentiment, ne
sauraient agir par des émotions intérieures, enfinj
ne sauraient avoir d’instinct.
Ce n est point ici que je dois développer le fondement
de ces observations; mais ce qui est positif,
et ce qu’il est essentiel de dire, c’est que, parmi
les causes immédiates, soit de nos actions, soit de
celles des animaux, il faut nécessairement distinguer
celles qui s’exécutent à la suite d’une préméditation
qui amène la volonté, de celles qui se produisent
immédiatement a la suite des émotions du sentiment
intérieur; et qu’il faut même distinguer celles-là de
celles qui ne sont dues qu’à des excitations de l’extérieur
; car toutes ces causes immédiates d'action sont
essentiellement différentes, et tous les animaux ne
sauraient être assujétis à la puissance de chacune
d’elles ; l’étendue des différences d’organisation ne le
permettant pas.
Ainsi, il n’est pas vrai que tous les animaux généralement
soient doués de mouvement volontaire 3
c’est-à-dire, de la faculté d'agir par des actes de
volonté; ces actes étant essentiellement précédés de
préméditation.
Voyons maintenant si la faculté de sentir est