
et quoique ces changemens se soient opérés avec
une lenteur extrême et par conséquent à la suite d’un
temps considérable^ leur réalité, nécessitée par différentes
causes, n’en a pas moins mis les races qui
s5y sont trouvées exposées, dans le cas de changer
peu-à-peu leur manière de vivre, et leurs actions ha-*
bituelles.
Par les effets de la 2.e et de la 3.e des lois citées
ci-dessus, ces changemens d’action forcés ont donc
du faire naître de nouveaux organes, et ont pu ensuite
les développer , si leur emploi est devenu plus
fréquent ; ils ont pu de même détériorer, et à la fin
anéantir, ceux des organes existans qui se sont alors
trouvés inutiles.
Une autre cause de changement d action qui a
contribué à diversifier les parties des animaux et à
multiplier les races, est la suivante :
A mesure que les animaux, par des émigrations
partielles, changèrent de lieu d’habitation et se ré->
pandirent sur différens points de la surface du globef
parvenus dans de nouvelles situations, ils furent
exposés à de nouveaux dangers qui exigèrent de nouvelles
actions pour y échapper; car la plupart se dévorent
les uns les autres pour conserver leur existence,
Je n’ai pas besoin d’entrer dans aucun détail pour
montrer l’influence de cette cause qu’il faut ajouter
à celle qui embrasse les diverses circonstances des
nouveaux lieux habitésj des nouveaux climats, et des
nouvelles manières de vivre à la suite de chaque émigration.
Mais, dira-t-on, depuis que les animaux se sont
de proche en proche répandus par-tout où ils peuvent
vivre, que toutes les eaux sont peuplées des races
qu elles peuvent nourrir, que les parties sèches du
globe servent d’habitation aux espèces qu’on y observe
; lès choses sont stables à leur égard ; les circonstances
capables de les forcer à des changemens
d’action n’ont plus lieu * et toutes les races, au moins
désormais, se conserveront perpétuellement les
mêmes.
À cela je répondrai que cette opinion me paraît
encore une erreur; et que j ’en suis même très-
persuadé.
C’en est uhe bien grande, en effet, que de supposer
qu’il y ait une stabilité absolue dans l’état,
que nous connaissons, de la surface de notre globe-
dans la situation de ses eaux liquides, soit douces,
soit marines; dans la profondeur des vallées l’élévation
des montagnes, la disposition et la composition
des lieux particuliers; dans les différens climats qui
correspondent maintenant aux diverses parties de la
terre qui y sont assujéties; etc., etc.
Tous ces objets doivent nous paraître se conserver
à-peu-près dans l’état où nous les observons, parce
que nous ne pouvons être témoins nous-mêmes