
ment en considérant la nature de chacune de leurs
facultés, surtout de certaines d’entr’elles, et les différences
en nombre, ainsi qu’en degrés d’éminence,
de celles qu’on observe dans leurs diverses races.
Aussi, quoique ces facultés soient parfaitement en
rapport avec le mode et l’état de l’organisation qui y
donne lieu, elles nous semblent malgré cela des
prodiges. Alors, nous soulageons notre pensée à leur
égard, en un mot, notre vanité lésée par l’ignorance
où nous sommes de ce qui les produit réellement,
en imaginant, à leur sujet, des causes métaphysiques,
des attributs hors de la nature, enfin, des êtres
de raison qui satisfont à tout.
On a dit, avec raison, au moins à l’égard des
sciences, que l’admiration était fille de l’ignorance :
or, c’est bien ici le cas d’appliquer cette vérité sentie;
car, si quelque chose était en soi réellement admirable
, ce serait assurément la nature; ce serait tout
ce qu’elle est; ce serait tout ce qu’elle peut faire;
mais, lorsqu’on reconnaît qu’elle-même n’est qu’un
ordre de choses, qui n’a pu se donner l’existence,
en un mot, qu’un véritable instrument; toute notre
admiration et toute notre vénération doivent se reporter
sur son s u b l i m e a u t e u r .
Il s’agit donc de savoir quelle est la source des
diverses facultés observées dans différens animaux; si
ce sont des organes particuliers qui donnent ces facultés;
enfin, si un même organe peut donner, lieu
à des facultés différentes, ou s il n y a pas plutôt autant
d’organes particuliers qu on observe de facultés
distinctes.
On se persuadera probablement que, pour traiter
de pareilles questions, il faut avoir recours a des
idées métaphysiques, à des considérations vagues,
imaginaires, et sur lesquelles on ne saurait apporter
aucune preuve solide. Je crois, cependant, pouvoir
montrer que, pour arriver à la solution de ces questions,
il n’y a que des faits physiques à considérer ;
et qu’il s’en trouve à la portée de nos observations ,
qui sont très-suffisans pour fournir les preuves dont
on peut avoir besoin.
Examinons^ d’abord ce principe général ; savoir :
que toute faculté animale, quelle qu’elle soit, est un
phénomène purement organique ; et que cette faculté
résulte des fonctions d’un organe ou d’un système
d’organes qui y donne lieu; en sorte quelle en est
nécessairement dépendante.
Peut-on croire que Y animal puisse posséder une
seule faculté qui ne soit pas un phénomène organique,
c’est-à-dire, le produit des actes d’un organe ou
d’un système d’organes capable d’exécuter ce phénomène?
S’il n’est pas possible raisonnablement de
le supposer, si toute faculté est un phénomène organique
, et en cela purement physique, cette considération
doit fixer le point de départ de nos rai-
sonnemens sur les animaux, et fonder la base des
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