
qu’un pareil corps est éminemment reconnaissable
dans un grand nombre de végétaux composés.
Il est certain que , si l’on considère les polypes
agglomérés cités cï-dessus, et si l’on examine ce
qui se passe à leur égard , on se convaincra qu’ils
constituent dans l’eau , une masse commune vivante
produisant sans cesse à sa surface des milliers d'individus
distincts qui y adhèrent , se développent rapidement
, se régénèrent et périssent bientôt après, se
trouvant alors remplacés par de nouveaux individus
qui parcourent aussi les mêmes termes ; tandis que
la masse commune résultante de toutes les additions
que ces individus passagers y ont formées , continue
de vivrepresqu’indéfiniment, si l’eau qui l’environne
ne lui manque point. Cette masse commune vivante
meurt néanmoins partiellement et progressivement
dans sa partie inférieure la plus ancienne , tandis
qu elle continue de vivre dans ses parties latérales et
supérieures.
Je n’ai conçu réellement l’existence de ce singulier
corps commun à l’égard de certains polypes com-"
posés , qu’après avoir pris en cônsidération ce qui se
trouve d’analogue dans les végétaux vivaees, et surtout
dans ceux qui sont ligneux.
Certes, aux yeux du naturaliste, ces objets sont
d'un trop grand intérêt pour que je ne m’empresse
pas d’en dire ici un mot ; et l’on me pardonnera sans
doute une digression relative aux végétaux composés,
parce qu’elle concerne un fait important qui a ét é
négligé, et qui mérite l’attention de ceux qui étudient
la nature.
Comparaison des animaux composés avec des
végétaux pareillement composés.
Rien , sans doute , n’ëst plus remarquable que
l’analogie qui se trouve entre certains végétaux et
certains animaux sous plusieurs considérations. Elle
montre que, quoique ces deux sortes d’êtres soient
entr’elles essentiellement différentes , puisqu’elles
appartiennent à deux règnes très-distincts, la nature,
en les formant, a néanmoins suivi la même marche
et execute un plan uniforme.
Laissant a l’écart les autres considérations sous lesquelles
une analogie évidente s’observe dans les faits
que présentent certains végétaux et certains animaux ,
nous ne nous arrêterons ici qu’à celle qui concerne ,
dans ces deux sortes de corps vivans, des êtres véritablement
composés d’une réunion d’individus distincts.
Une petite digression sur ce sujet sera instructive
et très-utile à la connaissance des objets que
nous avons en vue.
En effet, qu’on ne s’y trompe pas; de même qu’il
y a des animaux simples, constituant des individus
isolés, et des animaux composés, c’est-à-dire, constitués
par des individus réunis, qui adhèrent les uns