
corps de la nature, et l’on a dit que cette cliaine
graduée n’était qu’une idée reproduite, émise par
Bonnet y et depuis, par beaucoup d’autres. On aurait
pu ajouter que cette idée est des plus anciennes,
puisqu’on la retrouve dans les écrits des philosophes
grecs. Mais, cette même idée, qui prit probablement
sa source dans le sentiment obscur de ce qui a lieu
réellement à l’égard des animaux, et qui n’a rien de
commun avec le fait que je vais établir, est formellement
démentie, par l’observation, à l’égard de
plusieurs sortes de corps maintenant bien connus.
Assurément, je n’ai parlé nulle part d’une pareille
chaîne : je reconnais partout, au contraire , qu’il y
a une distance immense entre les corps inorganiques
et les corps vivans, et que les végétaux ne se nuancent
avec les animaux par aucun point de leur série.
Je dis plus; les animaux mêmes, qui sont le sujet
du fait que je vais exposer , ne se lient point les
uns aux autres de manière à former une série simple
et régulièrement graduée dans son étendue. Aussi ,
dans ce que j’ai a établir, il n’est point du tout question
d'une pareille chaîne, car elle n’existe pas.
Mais le sujet que je me propose ici de traiter,
concerne une progression dans la composition de
l’organisation des animaux, ne recherchant cette
progression que dans les masses principales ou classiques
, et ne considérant partout la composition
de chaque organisation que dans son ensemble,
c’est-à-dire, dans sa généralité. O r , il s’agit de savoir
si cette progression existe réellement; si le nombre
et le perfectionnement des facultés animales se
trouvent partout en rapport avec elle; et si l’on
peut actuellement regarder celte même progression
comme un fait positif, ou si ce n’est qu’un système.
Qu’il y ait des lacunes connues en diverses parties
de l’échelle que forme cette progression, et
des anomalies à l’égard des, systèmes d’organes particuliers
qui se trouvent dans différentes organisations
animales, lacunes et anomalies dont j’ai indiqué
les causes dans ma Philosophie zoologique,
cela importe très-peu pour l’objet considéré, si l’existence
de la progression dont il s’agit , est un fait
général et démontré , et si ce fait résulte d’une cause
pareillement générale, qui y aurait donné lieu.
A la vérité, on a reconnu qu’il était possible d’établir,
dans la distribution des animaux,'une espèce
de suite qui paraîtrait s’éloigner par degrés d’un
type primitif ; et que l’on pouvait, par ce moyen,
former une échelle graduée, disposée, soit du plus
composé vers le plus simple, soit du plus simple
vers le plus composé. Mais on a objecté que, pour
pouvoir ainsi établir une série unique , il fallait considérer
chacune des organisations animales dans l’ensemble
de ses parties ; car, si l’on prend en considération
chaque organe particulier, on aura autant