
court successivement les différentes familles, il n’est
pas un organe que l’on ne voie se simplifier par degrés,
perdre son énergie, et finir par disparaître tout-
à-fait en se confondant dans la masse ( i ) ».
Il s’ensuit donc que les facultés se dégradent et
finissent chacune par être anéanties à un terme quelconque
de la série des animaux, comme les organes
qui les produisent ; qu’elles sont partout proportionnelles
au perfectionnement et à l’état des organes;
et qu’il ne reste aux animaux, qui terminent cette
série, que les facultés propres à tous les corps vivans,
ainsi que celle qui constitue leur nature animale. Il
s’ensuit encore qu’il n’est pas vrai, et qu’il ne peut
l’être, que tous les animaux soient doués de la faculté
de sentir, ce que je crois avoir suffisamment établi.
Ainsi, je ne reviendrai plus sur cet objet, parce qu’il
n’a pas besoin de nouvelles preuves.
Mais, une vérité tout aussi solide, et qui en résulte
encore clairement, c’est que les animaux très-imparfaits
qui ne jouissent point de la faculté de sentir,
sont nécessairement dépourvus de cet appareil nerveux
qui donne lieu, aux sensations et au sentiment
intérieur ; appareil qui doit être assez compliqué et
assez étendu pour que son ensemble, agité par quel-
qu’affection sur les sens, ou par quelqu’émotion intérieure,
puisse faire participer l’être entier a ces affec-
(i) Dictionnaire des Sciences naturelles , vol. z , p. ijSy,
tions ou à ces émotions; appareil, enfin, qui constitue
dans l’individu qui le possède, une puissance qui peut
le faire agir.
Ainsi, ces animaux sont réellement privés de cette
conscience, de ce sentiment intime d’existence, dont
jouissent ceux qui, doués de l’appareil dont je viens
de parler, peuvent éprouver des sensations, et être
agités par des émotions intérieures. Or, les animaux
très-imparfaits dont il s’agit, ne possédant nullement
le sentiment intérieur en question, ne sauraient avoir
ou faire naître en eux la cause excitatrice de leurs mou-
vemens. Elle leur vient donc évidemment du dehors,
et dès lors elle n’est assurément pas à leur disposition;
aussi aucun de leurs besoins n’exige qu’elle le
soit; ce que j’ai déjà fait voir. Tout ce qu’il leur faut
se trouve à leur portée; ce ne sont des animaux que
parce qu’ils sont irritables.
Je terminerai cette partie par une remarque importante
et relative aux besoins des différens animaux ;
besoins qui ne sont nulle part, ni au-dessus, ni au-
dessous des facultés qui peuvent y satisfaire.
On observe que, depuis les animaux les plus imparfaits,
tels que les premiers des infusoires, jusqu’aux
mammifères les plus perfectionnés, les besoins,
pour chacun d’eux, s’accroissent avec la composition
progressive de leur organisation ; et que les facultés
nécessaires pour satisfaire partout à ces besoins, s’accroissent
aussi partout dans la même proportion. Il