des individus particuliers qu’il fait vivre, que l’art en
réunit a volonté autant qu’il plaît à l’homme pour en
former un tout réellement commun. En effet ,
les greffes en approche, que la nature fait elle-
meme quelquefois, et que Fart imite et exécute si
bien , font communiquer et participer a une vie
commune differens arbres ou arbrisseaux de la même
espece. On nourrit meme et on fait vivre un tronc que
l’on sépare totalement de sa base et de ses racines,
apres lui avoir substitué par cette greffe, des troncs
voisins et étrangers qui le soutiennent. On pourrait,
avec une espèce, former une grande forêt dont les
troncs multipliés, communiquant et vivant ensemble,
pourraient à aussi juste titre être considérés comme
un seul etre, que lest le corps commun d’un arbre
y compris ses racines et ses branches.
Dans 1 interieur des végétaux, il paraît, comme je
l’ai dit, qu’il n’y a qu’une organisation propre à y
faire exister la vie , organisation qui y est modifiée
selon le genre ou la famille du végétal, mais qui n’admet
aucun organe spécial quelconque pour des facultés
étrangères à celles qui sont le propre de la vie
même.
De là, en séparant des parties d’un végétal compose
, parties qui contiennent un ou plusieurs bourgeons
, ou qui en renferment les élémens non développés
, on peut en former à volonté autant de nquveaux
végétaux semblables à celui dont ils proviennent
, sans employer le secours des fruits de ces
plantes. C’est, effectivement, ce que les cultivateurs
exécutent en faisant des boutures , des marcottes
, etc.
J’ai déjà cité , dans ma Philosophie zoologiaue
( vol. 1 , p. 3g7 ) , différens faits qui prouvent qu'un
grand nombre de végétaux nous offrent des corps
singuliers sur lesquels vivent, se développent et périssent
une multitude d’individus particuliers qui se
suce* dent par générations nombreuses tant que le
corps commun qui les nourrit continue de vivre. Ici ,
j’en vais seulement ajouter un seul qui me semble
tout-à-fait décisif à cet égard.
Parmi les différentes considérations qui attestent
qu’un arbre n’est point un végétal simple , mais que
c’est un corps qui produit, nourrit et développe une
multitude de plantes de la même espèce, vivant ensemble
sur le corps commun que des végétations de
plantes semblables ont successivement produit,
voici ce que l’on peut citer de plus frappant.
Le propre de tout individu vivant et isolé est de
changer graduellement d’état pendant la durée de son
existence, de manière qu’à mesure qu’il approche
du terme de sa vie, toutes ses parties , sans exception
, portent de plus en plus le cachet de sa vieillesse,
et à la fin, celui de sa décrépitude. Je n’ai besoin