emploi : alors le poignet portait seul la partie antérieure du corps. Le repos,
pour cet animal, consistait dans la suspension de son corps par les jambes de
derrière, la tête en bas5 et il semblait avoir toujours besoin d’un plan vertical
pour prendre cette position. Lorsque, marchant horizontalement, il voulait se suspendre,
il s’arrêtait au liëu convenablé, plaçait ses polices , où les ongles de ses
pieds de derrière devaient s’accrocher, et pour cela il leur suffisait de la plus
légère inégalité, alors, se cramponnant fortement, il détachait un de ses pouces,
et portait, en se ployant, le pied du même côté à la place que le pouce venait
d’occuperj et une fois les ongles de ces pieds bien assujettis, il détachait son
autre pouce, ce qui, abandonnant son corps à son propre poids, portait sa tête
en bas, et ramenait le second pied à côté du premier, où il s’accrochait à son
tour. Dans cette nouvelle position, les ailes restaient comme nous les avons vues
dans la station et dans la marche, seulement les doigts étaient ramenés parallèlement
au corps, et appliqués sur le plan contre lequel l’animal était suspendu, et
le pouce était relevé contre l’index.
Lorsque cette Chauve-Souris voulait prendre son vol, étant sur une surface
horizontale, elle s’-élançait perpendîcuhmrement—at*-platL sur lequel elle se trouvait,
et étendait subitement ses ailes qui la soutenaient* et lui laissaient le temps
de faire quelques mouvements pour s’élever* Si elle était suspendue, elle quittait
prise, tombait, déployait ses ailes et volait*
Cette Barbastelle passa ainsi huit jours, allant d’un endroit où elle était suspendue,
à un autre où elle allait se suspendre; et c’est la nuit surtout qu’elle
quittait sa retraite et son repos. Durant tout ce temps elle resta sans prendre
aucune nourriture, quoiqu’on eût mis dans l’armoire où elle était renfermée, de
la viande coupée en très-petits morceaux; mais enfin elle vint, en plein jour,
se jeter sur cette viande qu’elle mangea entièrement, et avec beaucoup de voracité.
Quand nu morceau était trop grand, elle le fixait à terre avec son poignet,
et le coupait alors avec ses mâchelières. Mais si ses dents s’engageaient, si
uuelque morceau s’y attachait, elle ne se servait pas de ses; pieds pour se
débarrasser, elle cherchait pour cela un point d’appui contre lequel elle frottait
son museau. Depuis on ne la vit plus manger, et elle mourut peu à près. Elle
paraissait avoir besoin de beaucoup de propreté ; elle grattait toutes les parties
de son corps avec ses pieds de derrière, et, avec sa bouche, elle nettoyait
fort adroitement ses ongles et ses doigts antérieurs, ainsi que la membrane qui
les réunit et forme les ailes. Les mouvements de sa tête avaient de la vivacité,
et semblaient annoncer des impressions vives; et ses joues saillantes, son nez
mobile, ses grandes oreilles, avaient en outre des mouvements partiels très-variés,
lesquels donnaient à sa physionomie une expression qui paraissait singulière pour
un aussi petit animal.
Les Chauve-Souris ont toutes, comme l’on sait, le même système de dentition,
quant aux mâchelières, et, sous le rapport des dents, elles ne diffèrent que
par les incisives et les fausses molaires : toutes en effet ont six molaires à chaque
mâchoire (trois de chaque côté), formées de tubercules, ou plutôt de pointes
aiguës, évidemment destinées à triturer les aliments plutôt qu’à les broyer. Les
deux premières de ces dents, à la mâchoire supérieure, présentent à leur bord
externe deux triangles à côté l’un de l’autre, formés chacun par trois points, et à
la base de leur face interne un talon en forme de crête, plus élevée antérieurement
que postérieurement; la dernière ressemble à la moitié antérieure des précédentes.
A la mâchoire inférieure* les trois molaires se composent chacune de trois pointes
en avant, disposées en triangle, et de deux pointés parallèles en arrière. Quant
à la Barbastelle, ses incisives supérieures sont au nombre de quatre ; la première
est plus grande que la seconde, et bifide. Les inférieures sont au nombre de six et
toutes dentelées. Elle a deux fausses molaires de chaque côté des deux mâchoires ;
c’est-à-dire en tout trente-quatre dents. La première fausse molaire supérieure
est si petite, et tellement cachée à la base de la canine, qu’on a peine à l’apercevoir
; c’est pourquoi elle a échappé aux recherches de Daubenton, qui ne
donne que huit mâchelières supérieures à cette Chauve-Souris. La première de
ces dents, à la mâchoire inférieure, est aussi plus petite que la seconde, mais
elle est très-distincte. De chaque côté du museau se trouve un gros tubercule
ou bourrelet qui entoure en partie la narine, et en arrière duquel se trouve l’oeil.
Celui-ci est d’une telle petitesse, qu’on l’aperçoit difficilement au milieu des poils
qui l’environnent, et il ne m’a pas été possible de distinguer la forme de la
prunelle. Là narine se trouve percée à l’extrémite, d’un sillon ayant la forme
d’un V . dont une des branches serait beaucoup plus large que l’autre. Les lèvres
sont entières* la langue est douce, et il ne semble pas y avoir d’abajoues. Ce sont
les oreilles-quLparaïssent annoncer le sens le plus étendu de cet animal, la conque
externe est d’une grandeur démesurée; elle s’avance antérieurement jusqu’au
milieu du chanfrein, sé lie, par sa base, à la conque opposée, et s’en rapproche
tellement dans le reste dé sa longueur, qu’en regardant une Barbastelle en face^,
on n’aperçoit point la partie postérieure de sa tête, qui paraît ainsi ne se com-
; poser que du museau. Cet oürgane, par son autre bord, s’avance inférieurement
sur lés côtés des joues, de manière que l’oeil s’y trouve' renfermé; et de sa base,
intérieurement, naît un lobe ou oreillon en formé de feuille allongée, qui est
entièrement libre, et qui paraît destiné à augmenter, si ce n’est la sensibilité de
l’ouïe, du moins les effets des sons sur elle. Cette conque a én outre la faculté
de se ployer de manière à diminuer son étendue, et à former en partie l’orifice
du canal auditif. Les organes spéciaux du toucher paraissent peu étendus. La
Barbastelle n’a point de moustaches; son poil est épais, d’une douceur et d’une
mollesse si grande, qu’il paraît être entièrement de nature laineuse; et les parties
nues des membranes qui constituent les ailes ne semblent point avoir une grande
sensibilité. Les pieds de derrière ont cinq doigts armés d’ongles très-aigus, et
leur ,grandeur relative est celle qui se rencontre le plus communément chez* les
Mammifères. Un petit os très-allongé, articulé à un des os du tarse,^s’étend perpendiculairement
à cette partie du pied, et est destiné à soutenir le bord de la
membrane inter-fémorale, lorsqu’elle s’étend dans le vol; et l’on observe sur son
bord inférieur une petite apophyse en forme de crochet, dont la pointe est
dirigée en arrière. La queue est aussi longue que le corps. Aux pieds de devant le
pouce est le seul doigt qui soit resté dans les dimensions ordinaires, et qui soit
garni de son ongle ; les quatre autres doigts se, sont étendus d’une manière démesurée,
et ils ont été réunis par une membrane, qui n’est qu’une continuation de la
peau des flancs, auxquels les membres antérieurs sont entièrement joints, cette
membrane se rattachant à la face interne du bras et de l’avant-bras. Des quatre
doigts qui constituent les membres antérieurs, le pouce a deux phalanges, l’index
une, le médius trois, l’annulaire deux, et l’externe deux; et les os du métacarpe