turel; tandis que tous les autres, même le Chat domestique, conservent toujours
une indépendance et une indocilité complètes.
La possession d’un grand Chat tacheté, du naturel le plus doux, conséquence
de son organisation, vient aujourd’hui expliquer ce phénomène: notre Guépard,
non plus que le Youze, n’est point un Chat dans toute l’étendue du terme; il
n’en a point les ongles aigus, c’est-à-dire jes armes les plus puissantes, celles
sur lesquelles toutes les espèces véritables de Chats se reposent avec le plus de
confiance, et qu’elles emploient pour attaquer ou pour se défendre, préférablement
à tout autre, tant elles ont d’influence sur leur caractère, tant elles sont en intime
rapport avec l’instinct de leur conservation. Cette explication est d’autant
mieux fondée, que nous n’aurons aucune peine à établir les rapports intimes du
Youze et de notre Guépard, qui, nous devons le dire ici, appartient incontestablement
à la même espèce que celui de BufTon. Cet animal en effet est originaire
d’Afrique: il a été ramené en France du Sénégal, par M. Lecoupé, capitaine' de
vaisseau, gouverneur de cette colonie, et il ressemble absolument aux peaux cOh-
nues dans le commerce sous le même nom, et d’après lesquelles seules BufTon avait
établi cette espèce (T. XIII, p. 249, article du Marguay). L’identité spécifique du
Guépard et du Youze n’est ni moins solidement fondée, ni moins incontestable ; les
descriptions et les figures de ce dernier, qui nous ont été données par Schreber, sbus
le nom de Felis jubata, et par Pennant, sous celui de Cat hunting; les détails que
nous trouvons dans, le Register Asialic, sur les Léopards chasseurs de Tippo-Saïb;
mais surtout la figure, les notes et les dépouilles que .M: Alfred Duvancel nous a
fait passer du Chittah, se rapportent, sans aucune exception, au Guépard; ces animaux
ne font donc qu’une seule et même espèce qui se trouve en Afrique comme
en Asie, mais qui n est employée a la chasse que dans cette dernière contrée; dans
l’autre, les bonnes qualités de son caractère et son intelligence sont méconnues,
et elle n’est utile que par son pelage, qui la fait rechercher dans le commerce des
pelleteries.
Ce fait bien établi vient éclairer des récits qui jusqu’à présent avaient paru fort
obscursj et ces récits, à leur tour, viennent enrichir ¡’histoire de l’espèce curieuse
qui nous occupe. Nous n’en rapporterons qu’un exemple:
Barrow, dans son premier voyage ( T. II, p. 53 de la traduction française), parle
du Guépard dans ce qu’il dit de l’animal que les fermiers hollandais, établis dans
celte colonie, nomment Léopard. «Les fermiers, dit-il, donnent le nom de Léopard
à un autre animal de la même famille (de la famille des Tigres de montagnes
et des Tigres de plaines); celui-ci n’est pas aussi long, il est plus épais, plus grand et
plus fort que ceux dont il vient d’être question. Sa couleur est cendrée, avec dé
petites taches noires ; le cou, les tempes sont couverts de longs poils frisés, pareils
à- ceux de la crinière d’un Lion; la queue a deux pieds; elle est tachetée dans la
moitié de sa longueur depuis la racine, le reste est annelé; sa figure est marquée
d’une épaisse ligne noire, qui s’étend depuis le coin intérieur de l’oeil jusqu’à l’extrémité
de la gueule. Nous en prîmes un jeune, qui se familiarisa avec nous, et
joua tout aussitôt comme un jeune chat. »
Nous avons dit par quels points de l’organisation le Guépard différait dés Chats,
et nous avons déjà eu occasion de -décrire les caractères génériques de ceux-ci ;
tout ce qui nous reste a ajouter, c’est que cet animal est diurne, que sa pupille reste
constamment ronde, et ne prend jamais la forme étroite que nous montré celle du
Chat domestiqué, lorsqu’il est à la lumière. Sa téte diffère aussi de celle des Chats
par sa partie moyenne beaucoup plus relevée; et l’on pourrait encore donner pour
earactet-e distitictlf entre lui et ces animaux, ses proportions généralement plus
sveltes ët plué légères qüé les leurs. .
La longüeur de Stifi torps, depuis l’occiput à l’originë de la queue, est de 3 pieds
2 pouces; sa lêté, dëptnsl’OcOiput au bout du museau, a 8 pouces; sa queue a 2 pieds
et sa hauteut moyenne est de 2 pieds i pouce; or; le COügoüar, dont le corps n’a
que 6 pieds, n a que 20 pouces de hauteur.
Toutes les parties supérieures de son corps sont couvertes de petites taches rondes
et pleines, sur un fond d’un jaune grisâtre. Aux parties inférieures, ces mêmes
taches se trouvent sur un fond blanchâtre; mais, quoique jusqu’à présent ces caractères
soient exclusifs a cette espèce, quelques détails sont encore nécessaires. A la
tête, le devant des levres supérieures, toute la mâchoire inférieure, les côtés inférieurs
des joues et le dedans des oreilles, sont à fond blanc; toutes les autres parties
sont a fond jaune, et partout le poil est raz. De l’angle interne de l’oeil naît une
ligne noire qui prend la forme d’un S , et qui vient se terminer vers la commissure
des levres Sur les côtes des joues, est un groupe de très-petites taches; quelques
autres taches se trouvent éparses sur la partie blanche des joues, et au-dessus de la
tête, les petites taches commencent au-dessus du front. Le derrière des oreilles a une
tache noire tout près de la têtè: Sur le cou, le poil est plus long que sur aucune autre
partie, et fort crépu; les taches y sont encore petites et assez rares, principalement
sur les côtés; elles commencent à grandir sur les épaules et les membres antérieurs
et elles conservent a peu près les mêmes proportions sur tout le reste du corps; mais
elles deviennent moins nombreuses sur les flancs et sur les cuisses. La poitrine et le
ventre, qui sont blancs, sont sans taches.La queue, jaunâtre en dessus et blanchâtre
en dessous, a des taches disposées irrégulièrement à son origine ; bientôt après, ces
taches composent des chaînes et finissent par se joindre; elles forment d’abord des
anneaux interrompus, puis des anneaux complets qui terminent cet organe, au nom-
de trols ° “ quatre. L’extrémité de la queue est blanche.
Cet animal, qui est mâle, est encore jeune quoiquéadulte; ce qui explique sans
doute le peu de développement de sa crinière. Excepté la défiance, naturelle aux
Chats, ,1 a toutes les habitudes de ces animaux; il joue de la même manière, avec
la même grâce et la même adresse; et, dans cette circonstance, quoiqu’il n’ait pas
ongles tranchans, il fait de ses pattes de devant l’usage qu’ils en font, en en frappant
avec dextérité les corps qu’il veut faire rouler devant lui, et en les rapprochant
une de 1 autre pour assujettir ses alimens, qui se composent exclusivement de chair
ustous ces raPP°rts véritablement un Chat ; il ne commence à en différer que
par sa grande confiance et toutes les conséquences qui en résultent ; c’est-à-dire un
exercice plus libre de son intelligence, et par suite, une recherche des bons traite-
mens et une douceur qui l’égalent aux meilleurs chiens. Il connaît particulièrement
la personne qui le nourrit et le soigne; mais sa bienveillance est générale et s’étend
a tomes les personnes qui lui témoignent de la bonté. Lorsqu’on le caresse, il fait
entendre le leger ronflement que le chat domestique produit dans le même cas.
a été éleve en liberté et habitué à vivre avec des enfans et des chiens, avec lesquels
,1 a,ma.t particulièrement à jouer. Pendant la traversée du Sénégal en France
la mê!l„ê jmentj 6 8 S Î entière’ et comme nous ne pouvons pas lui laisser
in ependance, dans la crainte que les curieux n’en abusent plus que lui,