2 LA LOUTRE COMMUNE.
à rapporter à leur maître les poissons qu’elles avaient atteint. Ce sont des animaux
qui ne manquent point d’intelligence, et qui n’ont guère d’autre instinct que
celui de se choisir un gîte particulier, et de le garnir d’herbes sèches ou de
toutes autres matières végétales analogues : car l’instinct est toujours d’autant
moins développé, que l’intelligence l’est davantage. Leur chair est peu recherchée,
mais leur fourrure l’est assez, et principalement à cause des poils soyeux extrêmement
épais et fins qui la forment en grande partie.
Les quatre pattes de la Loutre sont entièrement palmées, et elles se composent
de cinq doigts armés d’ongles très-courts et terminés en gouttière. Les
doigts sont garnis en dessous, à leur extrémité, d’un tubercule arrondi5 un autre
tubercule très-grand, et divisé en quatre lobes, se trouve au milieu de la plante
des pieds de devant, et un second, de forme circulaire, est situé à la base du
carpe. Aux pieds de derrière il n’y a que les tubercules simples et arrondis des
doigts, et celui du milieu qui est divisé en trois lobes.
L’oeil a la prunelle ronde, et une troisième paupière qui peut entièrement recouvrir
la cornée. L’oreille est petite et fort simple : on voit à sa partie inférieure
un lobe que l’on pourrait considérer comme analogue au tragus, tandis qu’une
légère saillie du côté opposé serait l’anti - tragus j on remarque ensuite, dans la
partie supérieure de la cavité de la conque, une autre saillie que l’on pourrait regarder
Comme correspondant à une branche de l’hélix ou de l’anti-hélix, quoique
ces espèces de bourrelets n’existent pas. Les narines sont entourées d’un muffle
formé de grosses glandes, et elles s’ouvrent dans la partie inférieure du sillon
anguleux qui forme leur orifice. La langue est douce, échancrée à son extrémité,
et terminée en arriére par six glandes à calices, trois de chaque côté. Les poils,
comme nous l’avons dit, sont de deux natures, des soyeux assez épais, durs et
luisans, et des laineux qui forment un duvet frisé, extrêmement épais et doux;
les lèvres supérieures sont garnies de moustaches longues, épaisses et roides, et
il s’en trouve de semblables, mais plus courtes, sur les sourcils, vers l’angle
externe de l’oeil, et sous la mâchoire inférieure. Les organes génitaux du mâle
n’ont rien de particulier; la verge se dirige en avant, et les testicules sont dans
les aines. La femelle a sur le devant et sur les côtés de son vagin, une espèce
de poche; et les mamelles sont au nombre de quatre, deux de chaque côté du
ventre.
Le fond du système de dentition des Loutres est le même que celui des Putois et
des Martes, seulement les dents, de même espèce, ont pris de tels développements
dans certaines de leur partie, que de très-carnassières qu’elles étaient, elles sont
presque devenues frugivores. Les incisives et les canines sont, pour le nombre
et pour la forme, celles des autres carnassières. A la mâchoire supérieure il y
a trois fausses molaires, mais la première est si petite qu’elle s’aperçoit à peine;
une carnassière dont le tubercule interne est extrêmement développé, et la tuberculeuse
qui est à peu près aussi large que longue, et qui égale par son étendue
la carnassière. A la mâchoire inférieure il y a aussi trois fausses molaires; une
carnassière, très-épaisse et très-longue par le développement du tubercule interne
et du talon postérieur, et une tuberculeuse petite et arrondie.
Cet animal est entièrement d’un brun foncé, que le reflet de la lumière fait
paraître roussâtre, et qui est légèrement varié de gris ou de fauve dans quelques
parties. C’est le dessous du corps et l’extrémité de l’oreille, qui montrent la teinte
LA LOUTRE COMMUNE. g
grise, et le gris-fauve se remarque sur la gorge, le menton et les lèvres Cette
espèce est répandue dans toute l’Europe; elle se trouve au nord comme au midi
et sans doute elle s’étend jusqu’en Asie; mais les limites dans lesquelles elle se'
renferme n ont point encore été bien marquées.
Voici les dimensions principales de l’individu dont je donne le dessin :
Longueur du corps, depuis l’origine de la queue à l’occiput................. . . 8°"'"
de la tète, de l’occiput au bout du museau » 4 ' ' " ' 6 " ' '
--------------de la queue.. . " ’ . . . .
Hauteur à la partie moyenne du corps................................................’ t
La Loutre est désignée sous le nom de Luira vulgaris dans les Catalogues méthodiques.
Elle portait le nom de Lutra chez les Latins, et chez les Grecs celui
iïEnydris.
Octobre 1821.