LA MUSETTE.
C ette espèce de Musaraigne est très-commune dans nos campagnes autour des
habitations, près desquelles elle vit quelquefois en parasite comme la Souris, quoiqu’elle
paraisse avoir moins besoin que celle-ci du voisinage et de l’industrie de
l’homme; elle vit dans les trous des murailles, sous les racines des arbres, dans les
lieux abrités et obscurs, où elle se nourrit d’insectes et de vers. Elle paraît être
très-féconde, et faire plusieurs portées chaque année, dont chacune est de six à
huit petits. L’extrême petitesse de ses yeux lui rend la lumière à peu près inutile ■
les sens qui paraissent la guider exclusivement sont ceux de l’ouïe et de l’odorat :
la conque externe de ses oreilles est très-développée, ainsi que tout l’organe auditif;
et ses narines se prolongent en un long museau très-mobile, que l’animal porte et
même applique soigneusement sur tous les corps, comme s’il avait non-seulement
pour objet de les flairer, mais encore de les palper. Ses mouvemens ne sont point
agiles comme ceux de la Souris; ils ont même*de la lenteur et de l’embarras, ce
qui tient en partie à la brièveté de ses jambes, lesquelles le soulèvent à peine
au-dessus du sol. De telles formes devaient donner une apparence et annoncer une
organisation particulière: ep effet, la Musette a une physionomie qui lui est tout-à-
fait propre, et des organes qui en avaient fait pour Linnoeus le type d’une famille
fort naturelle, qui a depuis été divisée en un certain nombre de genres, parmi
lesquels celui des Musaraignes tient un rang remarquable.
Les Musaraignes en général ont trente dents en tout; dix-huit à la mâchoire
supérieure, cest-à-dire deux incisives, dix fausses molaires et six molaires; et douze
:i 1 inférieure, cest-à-dire deux incisives, quatre fausses molaires et six molaires. Les
incisives sont des dents fort crochues, terminées en pointes et couchées en avant,
à la mâchoire inférieure, et elles sont brunes. Les fausses molaires sont généralement
à un seul tubercule principal; et les molaires se composent de deux prismes
posés sur une base du côté externe des mâchoires ; nous avons donné de ces dents
une description dans notre ouvrage général intitulé: Des Dents ¿les Mammifères
considérées comme caractères zoologi/ues, et nous y renvoyons pour plus de détails.
Les pieds de la Musette ont chacun cinq doigts bien conformes , et ils sont entre
eux dans les mêmes rapports à ceux de devant qu’à ceux de derrière ; le pouce est
le plus court, vient ensuite Je petit doigt, puis l’analogue de l’index après celui de
annulaire, et enfin le doigt moyen. Chacun de ces doigts est armé d’un ongle
crochu comprimé latéralement et terminé en pointe. La plante et la paume, qui
sont nues, sont garnies de six tubercules; deux à la base des trois plus grands doigts;
un à la base du pouce; un à celle du petit doigt, et deux plus en arrière.