LA FOUINE
P l u s i e u r s des anciens Naturalistes pensaient, des légères différences qui existent
entre la Marte et la Fouine, que ces animaux appartenaient tous deux à la même
espèce, et que la dernière n’était qu’une variété de l’autre, produite par l’influence
de l’homme.
Buffon et Dauberton combattirent cette erreur; celui-ci, en montrant que deux
variétés, vivant librement dans les mêmes contrées, ne pourraient se conserver
dans leur état de pureté ; qu’elles s’effaceraient bientôt par leur mélange, et produiraient
une variété intermédiaire entre elles et qui ne changerait plus. Celui-là, admettant
hypothétiquement que la Fouine est un animal domestique, démontrait la
fausseté de la supposition par la fixité des caractères de cette espèce; en effet, tous les
animaux qui nous sont soumis ont produit des races nombreuses et qui différent les
unes des autres par un grand nombre de points; ce qui n’a pas lieu pour la Fouine.
Ils auraient pu encore opposer à cette erreur les différences qui existent entre les
instincts, les moeurs de ces animaux; caractères bien moins susceptibles d’influences
étrangères que ceux que l’on tire de la taille ou des couleurs. Car, de ce que
l’une vit sous nos toits, se fait au bruit des lieux habités, ne craint pas le voisinage
de 1 homme; tandis que l’autre recherche les lieux solitaires, se plaît dans le
silence des forêts, habite le sommet des arbres, on peut conclure avec assurance que
de tels animaux ne peuvent appartenir, et n’ont jamais appartenu à la même espèce.
Le sous-genre des Martes, auquel la Fouine appartient, ressemble à celui des
lutois pour tout ce qui concerne les organes essentiels des sens, du mouvement
de la génération et de la dentition. Les seules différences qui, sous ce rapport,
caractérisent ces deux groupes, consistent en ce que les Martes ont une fausse mm
re de plus que le Putois, et la langue douce au lieu de l’avoir rude; et comme
nous avons fait connaître les organes de ce dernier en le décrivant, il ne nous reste
plus qu’à exposer les caractères spécifiques de la Fouine.
Mais auparavant je réparerai une omission accidentelle qui se trouve dans la
description du Putois, ce qui servira aussi pour la Fouine : cet animal, comme
toutes les autres espèces de son sous-genre, et comme toutes les Martes, est beaucoup
moins digitigrade que les Chats et les Chiens; il appuie beaucoup plus qu’eux
a p ante des pieds sur le sol; aussi ses ongles ne s’usent-ils point comme ceux des
Chienç, quoiqu’ils ne soient pas plus rétractils que les leurs; ce qui lui permet
es employer pour grimper aux arbres et même contre les murailles, lorsqu’elles
sont revêtues d’un crépi grossier.
La Fouine est de la grandeur d’un jeune Chat domestique. Sa longueur, de l’occiput à